Après avoir tenu des milliers de discussions dans six provinces à travers le pays, TransCanada (T.TRP) a déposé jeudi son dossier de demande d'approbation officielle du projet Oléoduc Énergie Est.

Mais le processus ne faisait que commencer lorsque TransCanada a livré la documentation - qui remplit environ 70 classeurs déposés dans 11 boîtes - au quartier général de l'Office national de l'énergie (ONÉ), à Calgary.

TransCanada doit maintenant convaincre un public sceptique que le pipeline ne causera pas de dommages environnementaux et ne fera pas hausser les coûts énergétiques dans l'est du Canada. Le projet devra également affronter les conditions changeantes du marché, alors que la production de brut connaît un essor au Dakota du Nord et au Texas.

«Avec plus de 30 000 pages, le document est l'une de nos demandes d'approbation officielle les plus documentées de notre histoire. Le résultat final est un dossier qui, je crois, répond à l'objectif que nous nous étions fixé il y a plusieurs mois, qui était de rester à l'écoute», a déclaré aux journalistes le chef de la direction de TransCanada, Russ Girling.

Le projet de 12 milliards de dollars serait l'un des plus importants projets d'infrastructure jamais construit au Canada, s'étendant sur 4600 kilomètres.

Énergie Est transporterait du pétrole brut de l'Alberta à travers un oléoduc qui se trouve déjà sous terre. Un nouveau pipeline serait construit au Québec et au Nouveau-Brunswick.

TransCanada a tenu des discussions avec plus de 7000 citoyens, 5500 propriétaires fonciers et 158 communautés des Premières Nations et Métis de six provinces.

«Bien qu'il s'agisse d'un projet ambitieux à faire en 18 mois, je voudrais insister sur le fait que notre engagement ne s'arrêtera pas là», a déclaré le président du développement de TransCanada, Alex Pourbaix.

«Nous avons écouté - et nous continuerons de le faire - tous ceux qui sont intéressés par le projet pendant toute sa durée de vie.»

Mais il est déjà évident que certains groupes ne se laisseront pas convaincre aussi facilement.

«Nous ferons obstacle à cet oléoduc à chaque étape, sans exception, et nous ne sommes pas seuls à mener ce combat», a prévenu Andrea Harden-Donahue, responsable de campagne pour l'énergie et la justice climatique auprès du Conseil des Canadiens.

Adam Scott, d'Environmental Defence, estime pour sa part qu'Énergie Est n'aura pas droit à un accueil plus favorable que d'autres propositions controversées comme les projets Northern Gateway d'Enbridge [[|ticker sym='T.ENB'|]] et Keystone XL de TransCanada.

Le coordonnateur d'information du public sur les sables bitumineux d'Écologie Ottawa, Ben Powless, a quant à lui décrit le dépôt de la demande de jeudi comme «un décompte vers le moment où l'oléoduc sera rejeté».

Énergie Est livrerait du pétrole brut à des terminaux d'exploitation prévus au Québec et au Nouveau-Brunswick, ce qui permettrait d'effectuer des livraisons vers l'Europe, l'Inde et d'autres destinations.

Selon TransCanada, le projet bénéficiera aux raffineries du Québec et du Nouveau-Brunswick, en leur fournissant du pétrole brut moins coûteux et en leur permettant de limiter les importations en provenance du Moyen-Orient et d'ailleurs à l'étranger. Environmental Defence et Greenpeace ont cependant mis en doute ces affirmations, estimant que TransCanada exagère les bénéfices.