Une réduction, même modeste, de la consommation de pétrole au Québec aurait des effets positifs sur l'économie de la province, en plus de générer des revenus supplémentaires pour le gouvernement.

C'est ce que conclut une étude réalisée par le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec (RNCREQ) et dont La Presse Affaires a obtenu copie.

Le prix du baril de pétrole pourrait baisser sous le seuil des 80$US, mais l'impact d'une réduction de la consommation reste bien réel, soutient le directeur général du Regroupement, Philippe Bourke. «Les économies peuvent paraître moins alléchantes, mais elles sont quand même importantes», dit-il.

Ça fait des années que le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement prêche pour une réduction de la consommation de pétrole au Québec. Dans l'étude financée par le Plan vert et qui sera rendue publique aujourd'hui, il propose des mesures simples et peu coûteuses pour parvenir à des économies totales de 20 milliards de dollars d'ici 2020 pour les ménages québécois et à un gain net de 300 millions pour le gouvernement.

La première de ces mesures consiste à récompenser ceux qui font l'achat d'une voiture économique et à pénaliser ceux qui achètent une grosse cylindrée. Il est possible de réduire ainsi la consommation de pétrole de 6,5 millions de barils par année d'ici 2020, sans qu'il en coûte un cent au gouvernement parce que les redevances perçues sur les grosses voitures financeraient les sommes versées à ceux qui achètent une plus petite voiture.

Mieux utilisées, les solutions de transport alternatif comme le covoiturage pourraient ralentir la croissance du nombre de voitures en circulation et faire diminuer la consommation de pétrole de 1,5 million de barils par année.

L'électrification des transports, et notamment la conversion de 1% du parc automobile actuel à la voiture électrique (50 000 voitures), ferait le reste. Au total, la consommation de pétrole diminuerait de 12%, ou 8,5 millions de barils, par année à l'horizon 2020.

Dépenser chez nous

L'idée est de moins dépenser en pétrole et en voitures importés et de réduire le déficit de la balance commerciale. Avec plus d'argent dans leurs poches, les Québécois dépenseraient plus et feraient tourner l'économie de la province.

L'étude estime que les emplois ainsi créés et les impôts supplémentaires qui seraient versés au gouvernement compenseraient la perte de revenus de la taxe de vente et de la taxe sur l'essence.

Le gouvernement pourrait réduire ses dépenses en infrastructures, souligne Philippe Bourke, qui évalue l'impact net à + 336 millions pour le trésor public.

L'étude du RNCREQ n'aborde pas les investissements qui seraient nécessaires pour améliorer le transport en commun et les autres solutions de transport alternatif, notamment à l'extérieur des villes. «Ce n'est pas nécessairement coûteux si, au lieu de construire une autoroute de 600 millions, on met cet argent dans le transport en commun», explique-t-il.

Selon lui, dans les régions, les gens arrivent souvent avec des idées originales, comme utiliser les autobus scolaires pour faire du transport collectif le soir et les week-ends. «Les gens sont assez créatifs pour trouver eux-mêmes des solutions.»

Des gains réels

> Dépenses annuelles pour l'achat d'essence: 20 milliards

> Dépenses annuelles pour l'achat de voitures: 7 milliards

> Économies liées à la réduction de 12% de la consommation de pétrole (2020): 5,2 milliards par année

> Emplois directs et indirects créés (2020): 33 000