Le géant américain de l'aluminium Alcoa (AA) a dépassé nettement les attentes au troisième trimestre, grâce notamment à son offensive dans l'aéronautique et l'automobile, malgré de lourdes charges de restructuration.

Depuis plusieurs mois le groupe américain essaie de réduire sa dépendance à la fluctuation incertaine des prix de l'aluminium, dont la chute l'a fortement pénalisé par le passé.

Pour ce faire, il a mis le cap sur l'aéronautique et l'automobile en renforçant de façon agressive son activité de produits et solutions d'ingénierie qui fabrique des pièces pour ces deux industries.

Des avionneurs comme Airbus et Boeing font de plus en plus appel aux matériaux composites plus légers, notamment l'aluminium, pour les trains d'atterrissage des avions moins gourmands en carburant comme le Boeing 787 «Dreamliner».

D'abord utilisé dans la structure des véhicules, l'aluminium sert de plus en plus à fabriquer des pièces (carters, blocs-moteurs, radiateurs, jantes, carrosseries, châssis...) parce qu'il allège le poids des véhicules. En outre, environ 90% des camions à remorque et des autobus ont des carrosseries en aluminium.

«Nous voulons aller où nous gagnons de l'argent indépendamment des prix des métaux», a réaffirmé mercredi le patron Klaus Kleinfeld. «Notre solide premier trimestre est l'illustration directe de ce repositionnement de notre portefeuille», a-t-il ajouté.

Envol de 52% du titre

Cette stratégie est en effet couronnée de succès pour l'instant.

Alcoa a dégagé un bénéfice net plus que sextuplé à 149 millions de dollars au troisième trimestre (juillet, août et septembre), selon un communiqué publié mercredi.

Cette performance se traduit par un bénéfice par action hors éléments exceptionnels, mesure privilégiée aux États-Unis, de 31 cents, soit 8 cents de plus que ce qui était anticipé en moyenne par les analystes.

Les bénéfices auraient pu être plus importants s'il n'avait eu à inscrire dans ses comptes une charge de 221 millions de dollars au titre de sa restructuration en cours, explique-t-il.

En effet, hors éléments exceptionnels, le bénéfice s'élève à 370 millions de dollars.

L'an dernier à la même époque, Alcoa avait enregistré un profit de seulement 24 millions de dollars.

Le chiffre d'affaires trimestriel a augmenté de 8,2% à 6,23 milliards de dollars, contre 5,85 milliards attendus.

La division «aéronautique et automobile» a vu son bénéfice opérationnel bondir de 24,4% à 209 millions de dollars sur un an pour un chiffre d'affaires de 1,5 milliard, contre 1,8 milliard à la première division du groupe, les métaux primaires.

Mais cette dernière est en train de relever la tête après avoir été affectée l'an dernier par l'effondrement des cours des métaux et des coûts élevés. Son bénéfice opérationnel a augmenté de 3,38% à 245 millions de dollars.

Fin août, Alcoa a annoncé qu'il allait encore réduire ses capacités de production mondiale de 150 000 tonnes, à 3,6 millions de tonnes, avec la fermeture définitive de son usine de Portovesme en Sardaigne.

L'action du groupe, qui donnait le coup d'envoi de la saison des résultats trimestriels, prenait 2,05% à 16,40 dollars dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse de New York.

Depuis le début de l'année, le titre a gagné environ 52%, les investisseurs saluant une remontée des prix de l'aluminium, passés de 1677 dollars la tonne en janvier à 2100 dollars en septembre.

Les analystes saluent unanimement des «résultats solides» et le virage stratégique qui permettent à Alcoa de «réduire ses coûts liés aux matières premières», estime la banque Sterne Agee dans une note.

Pour l'ensemble de l'année, le géant de l'aluminium continue d'attendre une croissance mondiale de la demande d'aluminium de 7%, comme en 2013, tirée par l'aéronautique et l'automobile.

Alcoa veut prendre une grosse part de cette manne. Fin juin, il a racheté pour 2,85 milliards de dollars la société britannique Firth Rixson, spécialisée dans les produits de spécialité métallique destinés notamment aux moteurs d'avion.

Il s'apprête à ouvrir à Lafayette, dans l'Indiana, une nouvelle usine de production spécialisée dans l'alliage de l'aluminium avec le lithium.

Une autre usine, destinée à la fabrication des pièces destinées aux moteurs des avions de ligne, est en construction à La Porte, dans la même région.