Un recul des prix du minerai de fer, qui a atteint son creux des cinq dernières années, pourrait retarder le développement de la fosse du Labrador, où se trouvent les plus importantes réserves de minerai entre le Québec et Labrador, a indiqué lundi une analyste.

«Je ne suis toujours pas confiante de voir le développement de nouvelles mines parce que les prix du minerai sont terribles en ce moment et que l'appétit pour financer ce développement ne semble pas être présent pour l'instant», affirme Jackie Przybylowski, de Valeurs mobilières Desjardins.

L'affaiblissement de la demande, provoqué par le ralentissement économique en Chine ainsi qu'une hausse des réserves en Australie, a fait chuter le prix de la tonne à 78 $ US, lundi, soit son plus faible niveau depuis septembre 2009.

Les prix au comptant ont de leur côté fléchi d'environ 40 % par rapport au prix moyen de la tonne de 131 $ US en 2013.

Les contrats à terme pour l'acier et le minerai de fer ont également atteint un creux à l'approche du long congé de la fête nationale en Chine, qui doit s'amorcer mercredi.

Mme Przybylowski dit s'attendre à ce que les prix demeurent bas jusqu'à la reprise des achats de la Chine, soit la semaine prochaine, après les festivités de la fête nationale.

À long terme, cette dernière demeure toutefois optimiste de voir le prix de la tonne de minerai se transiger aux alentours de 100 $ US d'ici le milieu de l'hiver.

«Nous nous attendons à une remontée des prix au cours de l'hiver [mais] ça ne sera pas à des sommets», a-t-elle affirmé, au cours d'un entretien téléphonique.

Mme Przybylowski a ajouté que la faiblesse des prix complique la tâche aux entreprises n'ayant pas conclu d'ententes avec des partenaires stratégiques.

Plusieurs entreprises ont des activités dans la fosse du Labrador, dont Rio Tinto, Arcelor Mittal, New Millenium Iron [[|ticker sym='T.NML'|]], Adriana Resources et Champion Iron Mines.

En juillet dernier, Labrador Iron Mines Holdings [[|ticker sym='T.LIM'|]] a décidé d'interrompre ses activités pour l'année à ses installations où travaillaient jusqu'à 370 personnes l'an dernier.

L'analyste de Valeurs mobilières Desjardins prévient que la baisse des prix pourrait plomber les efforts du gouvernement du Québec visant à stimuler l'activité minière dans la fosse du Labrador.

Le gouvernement Couillard pourrait notamment injecter jusqu'à 20 millions de dollars dans une étude de faisabilité sur un nouveau lien ferroviaire entre le port de Sept-Îles, sur la Côte-Nord, et la fosse du Labrador.

L'exploitation minière s'est amorcée dans la fosse du Labrador - qui s'étend sur 1600 kilomètres - en 1954.

«En 2009, tout le monde prévoyait ne pas avoir la capacité de production nécessaire et cette situation ne risque pas de se produire avant un bon bout de temps», affirme Mme Przybylowski.