Kiev et Moscou se sont mis d'accord vendredi à Berlin sur des mesures pour rétablir les flux de gaz russe vers l'Ukraine, avec notamment un paiement par Kiev de 3,1 milliards de dollars à Gazprom d'ici fin décembre, a annoncé un responsable européen.

Selon cet «accord intérimaire» préalable, qui doit encore être approuvé par les gouvernements ukrainiens et russes, Gazprom est également prêt à livrer à l'Ukraine au moins 5 milliards de mètres cubes de gaz dans les mois qui viennent, contre paiement anticipé, a dit le commissaire européen sortant à l'Énergie, Günther Oettinger, lors d'une conférence de presse à Berlin, à l'issue d'une réunion trilatérale Russie/Ukraine/UE.

M. Oettinger, le ministre de l'Énergie russe Alexandre Novak et son homologue ukrainien Iouriï Prodan se sont retrouvés à Berlin pour tenter de trouver une issue à la crise du gaz, qui s'est traduite mi-juin par l'interruption des livraisons russes à l'Ukraine, grand pays de transit vers l'Europe.

«Nous avons négocié aujourd'hui un plan pour l'hiver en plusieurs points», qui doit permettre à l'Ukraine et à tous les pays européens qui dépendent du transit par l'Ukraine de ne pas se retrouver à court de gaz pendant les six prochains mois, a déclaré M. Oettinger. Il a qualifié l'accord, qui doit encore être approuvé par les deux capitales, de «solution intérimaire pour assurer l'approvisionnement jusqu'au printemps».

«Nous avons préparé un plan pour l'hiver qui peut servir de base pour résoudre les problèmes», a déclaré M. Novak. Mais «malheureusement nous n'avons pas été en mesure d'arriver à une solution complète», a déploré M. Prodan.

Outre un paiement en deux tranches de Kiev à Gazprom pour éponger une partie de la dette du passé - 2 milliards de dollars d'ici fin octobre, 1,1 milliard entre début novembre et fin décembre -, l'accord prévoit que Gazprom livre au moins 5 milliards de mètres cubes de gaz à l'Ukraine dans les six mois à venir, notamment pour renflouer les réserves ukrainiennes à sec, et ce contre paiement anticipé, au prix de 385 dollars les 1000 mètres cubes.

C'est moins que les 485 dollars que Gazprom avait voulu imposer il y a quelques mois, mais plus que le prix en vigueur avant le changement de gouvernement en Ukraine (268 dollars), que Gazprom avait brutalement rehaussé.

Les ministres russe et ukrainien, qui ont négocié séparément avec M. Oettinger avant la réunion à trois, ne se sont pas présentés ensemble devant la presse, et leur interprétation de l'accord trouvé divergeait légèrement. Ainsi M. Prodan a prévenu que Kiev ne paierait les 3,1 milliards de dollars promis que si Gazprom s'engageait sur des livraisons pendant l'hiver.

Les 3,1 milliards en question correspondent à ce que l'Ukraine considère être sa dette, Gazprom réclame 5,3 milliards. Un tribunal d'arbitrage à Stockholm doit trancher, mais pas avant plusieurs mois. Selon l'issue de cette procédure, l'Ukraine devra ou pas compléter le paiement qu'elle s'apprête à effectuer.

Celui-ci sera garanti par le Fonds monétaire international (FMI), a expliqué M. Oettinger.

Après consultation de leurs gouvernements par les deux ministres, une nouvelle réunion avec le même format est prévue en fin de semaine prochaine dans la capitale allemande pour entériner l'accord, a-t-il ajouté.