L'énergie éolienne coûte cher à Hydro-Québec, et la société d'État compte refiler une bonne partie de la facture à ses clients en proposant une hausse de tarifs de 3,9% à partir du 1er avril 2015.

Hydro-Québec Distribution (HQD) a déposé hier sa demande devant la Régie de l'énergie, qui tiendra des audiences à ce sujet en décembre prochain. Les groupes de consommateurs déplorent cette nouvelle augmentation substantielle, après celle de 4,3% accordée plus tôt cette année par la Régie.

«C'est clair que, selon nous, ça entraîne une baisse du pouvoir d'achat pour les consommateurs», a dénoncé à La Presse Affaires Richard Dagenais, porte-parole de la Coalition des associations de consommateurs du Québec en matière d'énergie.

Cette hausse souhaitée par HQD est presque deux fois supérieure à la progression de l'indice des prix à la consommation. Pour expliquer l'ampleur de l'effort demandé à ses clients, la société d'État cite le coût des «nouveaux approvisionnements», surtout éoliens.

Ces achats d'énergie verte ont fait grimper de 2,1% la facture totale d'approvisionnement en électricité dans la province. «On parle d'un coût d'approvisionnement de 10 sous le kilowattheure pour l'éolien, alors que le coût moyen est de 3 sous le kilowattheure», a fait valoir Patrice Lavoie, porte-parole d'Hydro.

Malgré le coût trois fois plus élevé de cette forme d'énergie, HQD doit «respecter les programmes d'achat en éolien qui sont établis par l'actionnaire», soit le gouvernement du Québec, a ajouté M. Lavoie.

Le prix à payer

Dans les documents déposés hier à la Régie, HDQ indique que le coût des achats d'électricité s'élèvera à 5,8 milliards de dollars l'an prochain. Il s'agit d'une hausse de 348 millions par rapport à cette année, attribuable en bonne partie à la mise en service de nouveaux projets éoliens.

Selon Marcel Boyer, professeur émérite de sciences économiques à l'Université de Montréal et Fellow du CIRANO, cette progression des coûts était largement «anticipée» en raison du développement marqué du parc éolien au Québec ces dernières années.

«L'énergie verte, que beaucoup demandent, coûte plus cher que l'énergie traditionnelle, a-t-il rappelé. Si les Québécois décident de s'approvisionner avec une énergie plus verte, ils doivent en assumer les coûts.»

Pour justifier la hausse de tarifs de 3,9% demandée à la Régie, HQD mentionne également les investissements dans les réseaux de transport et de distribution d'électricité (+ 1,9%), ainsi que l'indexation du bloc patrimonial (+ 0,4%), dont les tarifs sont dégelés depuis cette année.

Les choses auraient toutefois pu être pires. Comme tous les autres ministères et organismes publics, Hydro a dû comprimer ses dépenses à la demande de Québec, en vue de rééquilibrer les finances de l'État. Sans ces «gains d'efficience» de 50 millions de dollars, la hausse demandée aux Québécois aurait été de 4,4% l'an prochain, a-t-on expliqué hier.

108$ pour une maison

L'ajustement tarifaire proposé par HQD se traduira par une hausse de la facture annuelle de 24$ pour un logement, de 62$ pour une petite maison, de 84$ pour une propriété de taille moyenne et de 108$ pour une grande maison. L'augmentation sera par ailleurs limitée à 3,5% pour la clientèle industrielle de grande puissance, qui bénéficie du «tarif L».

Si l'on se fie aux années précédentes, il y a fort à parier que la hausse réelle sera moindre. Depuis au moins cinq ans, la Régie de l'énergie a systématiquement octroyé des augmentations plus faibles que celles demandées par HQD, voire des baisses.

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ÉVOLUTION RÉCENTE DES TARIFS D'ÉLECTRICITÉ

2010

0,5% demandé

0,4% décision

2011

0% demandé

-0,4% décision

2012

1,7% demandé

- 0,5% décision

2013

3,3% demandé

2,41% décision

2014

5,8% demandé

4,3% décision