Les cours du pétrole coté à New York sont tombés à leur plus bas niveau depuis la mi-mars jeudi, affectés par la perspective d'une hausse des stocks de brut et d'essence aux États-Unis et minés par la tendance baissière sur le marché des actions.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en septembre a chuté de 2,10 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), pour s'établir à 98,17 dollars.

A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance a terminé à 106,02 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 49 cents par rapport à la clôture de mercredi.

Le prix du WTI a baissé «à la suite de plusieurs problèmes survenus dans des raffineries du Midwest (centre des États-Unis) qui devraient peser sur la demande en brut et par ricochet, gonfler les stocks à Cushing», terminal pétrolier situé en Oklahoma où sont entreposés les barils servant de référence au pétrole échangé à New York, a indiqué l'analyste indépendant Andy Lipow.

Les investisseurs commencent aussi selon lui à anticiper la saison de maintenance des sites de raffinage, qui devrait débuter en septembre et ralentir alors la consommation de brut.

Les acteurs du marché sont parallèlement marqués par «la relative faiblesse de la demande en essence aux États-Unis alors même qu'on est censé être au pic de la saison des déplacements en voiture», a remarqué Robert Yawger de Mizuho Securities USA.

Dans leur rapport hebdomadaire sur les stocks de produits pétroliers aux États-Unis diffusé mercredi, les autorités américaines ont en effet indiqué que les réserves d'essence étaient à leur plus haut depuis mars, après avoir augmenté de 400 000 barils.

«Ce signe d'une consommation peu énergique d'essence commence à faire pression sur l'ensemble des produits pétroliers», a noté M. Yawger.

Pour le spécialiste, les investisseurs reléguaient du coup au second plan les risques géopolitiques pouvant affecter les équilibres sur le marché mondial de l'énergie, que ce soit le maintien des tensions entre Moscou et Kiev, la reprise des combats entre milices rivales en Libye, ou l'offensive israélienne dans la bande de Gaza.

Le marché de l'énergie a par ailleurs pâti, selon M. Lipow, de l'humeur morose à Wall Street, où les principaux indices s'affichaient en baisse de plus de 1% à la clôture de la séance sur le Nymex jeudi.

La solidité du dollar américain, alimentée mercredi par l'annonce d'un net rebond de la croissance américaine au deuxième trimestre, a aussi entraîné le prix du baril vers le bas selon Matt Smith de Schneider Electric.

Un dollar plus fort rend en effet moins attractifs les achats de brut libellé dans la monnaie américaine pour les investisseurs munis d'autres devises.