La société norvégienne Höegh ajoute officiellement son nom à la liste des promoteurs intéressés à développer un terminal d'échange de gaz naturel liquéfié (GNL) au Québec. Son projet flottant, installé d'abord à Sept-Îles puis à Québec, pourrait être fonctionnel dès 2016.

Une présentation faite par l'entreprise au gouvernement du Québec, et obtenue par La Presse Affaires, fait état de retombées économiques annuelles de 45 à 55 millions de dollars pendant 20 ans, pour un total avoisinant le milliard de dollars. L'entreprise investirait de 300 à 500 millions et ne réclame aucune aide gouvernementale.

Le ministre des Finances, Carlos Leitao, a annoncé dans son discours du budget, au début de juin, la volonté du gouvernement du Québec de favoriser l'approvisionnement de la Côte-Nord en gaz naturel liquéfié, ce qui «constituerait un atout de taille pour la région concernée», en particulier dans le cadre du Plan Nord.

En se substituant au diesel dans la machinerie minière, le GNL permettrait aussi au Québec d'améliorer son bilan environnemental.

L'un des grands avantages du projet de Höegh est sa rapidité d'implantation. L'entreprise affirme être la seule au monde à avoir déjà déployé des projets de terminaux flottants et, du coup, être aussi la seule à pouvoir livrer un projet fonctionnel dès 2016, comme le souhaite Québec. Elle explique avoir développé cette expertise en raison de l'interdiction de construire des terminaux sur la terre ferme dans son pays d'origine.

Elle parviendrait à un démarrage aussi rapide en amarrant simplement l'un de ses immenses vaisseaux, le LNG Libra, construit en 1979, au port de Sept-Îles pour servir d'unité de stockage.

«Sept-Îles a déjà un très gros port avec des quais suffisamment grands pour notre bateau, explique Øivin Iversen, PDG de Höegh FLNG Ltd. Il n'a pas besoin d'équipement additionnel par rapport à n'importe quel autre bateau de grandeur semblable.»

Le Libra serait ravitaillé «de six à neuf fois par année», selon la demande, et servirait de point d'ancrage à une redistribution de GNL en sol québécois qui pourrait s'effectuer grâce à de plus petits navires, des camions ou même par train.

Barge de production à Québec

La deuxième phase du projet consiste en la construction pour 2018 d'une unité de liquéfaction, elle aussi flottante, qui serait cette fois installée dans la région de Québec ou «aussi loin au nord que nous pourrions aller sans avoir à construire d'oléoduc», selon l'entreprise.

Cette barge permettrait de liquéfier du gaz fourni par Gaz Métro et de répondre ainsi à la demande en GNL à partir de gaz canadien. Elle aurait une capacité annuelle d'un demi-million de tonnes. Il ne serait alors plus nécessaire de conserver le LNG Libra à Sept-Îles.

En remplaçant du diesel, cette production émettrait 14% moins d'oxydes d'azote (NOx), 12% moins d'oxydes de soufre (SOx) et 5% moins de CO2, selon l'entreprise, qui estime aussi qu'elle pourrait créer de 300 à 400 emplois au Québec.

Une fois l'unité de production construite, en 2018, Höegh estime qu'elle pourrait livrer du GNL pour environ la moitié du prix projeté du diesel et ainsi faire économiser de 300 à 400 millions annuellement à l'industrie minière.

Outre les équipements miniers, l'entreprise chercherait à signer des contrats d'approvisionnement de 20 ans avec «quiconque doit passer du diesel au gaz naturel», ce qui inclut notamment les navires fédéraux et d'autres grappes industrielles.

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QUI EST HÖEGH?

> Entreprise norvégienne publique cotée à la Bourse d'Oslo et bientôt à New York

> Capitalisation boursière: 950 millions

> Active en Norvège, en Indonésie, en Égypte, en Lituanie, au Chili, aux États-Unis, en Angleterre et en Chine

> Impliquée dans un projet de construction de quatre unités flottantes de regazéification au coût de 1,2 milliard US

> Active depuis 40 ans dans le gaz naturel liquéfié