Le prolongement de gazoduc au Vermont mis en chantier cet été par une filiale de l'entreprise québécoise Gaz Métro s'avère beaucoup plus coûteux que ce qu'elle prévoyait il y a moins d'un an.

Au point où cette filiale, Vermont Gas (VG), a dû soumettre un nouvelle estimation des coûts du gazoduc de 115 kilomètres pour approbation auprès du Vermont Public Service Board (VPBS).

35 millions US de plus

Pour le premier tronçon du gazoduc, qui s'allongera sur 70 km au sud de Burlington jusqu'à Middlebury, VG vient de rehausser son estimation de 40%, à 121 millions US. C'est 35 millions US de plus que le montant inscrit auprès de la Commission il y a un an.

Quant au deuxième tronçon de 45 km du gazoduc, qui doit relier Middlebury, au Vermont, à une usine société papetière à Ticonderoga, dans l'État de New York, en passant sous le lac Champlain, Vermont Gas s'en tient encore à son estimation de 49,6 millions US.

Toutefois, la filiale de Gaz Métro a déjà prévu un «budget de contingence» qui, en cas de surcoût, lui permettrait de rehausser son estimation de 30%, jusqu'à 64 millions US.

Dans un tel scénario, le coût total de prolongement de gazoduc par VG avoisinerait 205 millions US, soit 50% de plus que le montant initial de 136 millions US soumis l'an dernier devant le VPSB.

Chez Gaz Métro, cependant, on soutient qu'en dépit des récents surcoûts liés au premier tronçon du gazoduc, l'ensemble du projet demeure bien loin d'un tel scénario de surcoûts.

«Le surcoût [de 40% ] du premier tronçon est important et c'est pourquoi Vermont Gas a dû retourner devant le VPSB pour son approbation», a indiqué Marie-Christine Demers, porte-parole médiatique au siège social de Gaz Métro à Montréal.

Néanmoins, a-t-elle ajouté, le VPSB aurait déjà signifié à la filiale de Gaz Métro qu'elle «n'avait pas à arrêter les travaux» amorcés cet été. Quant au risque de surcoût pour le deuxième tronçon, dont les travaux sont prévus en 2015 et 2016, «il serait beaucoup trop tôt pour spéculer», selon Mme Demers.

Inquiétude des consommateurs

Entre-temps, dans les localités au Vermont qui seront bientôt desservies par le nouveau gazoduc, on s'inquiète de l'impact des surcoûts sur leur prochaine tarification du gaz naturel. Cette inquiétude interpelle aussi les opposants au projet qui, à coups de pétitions, ont relancé leurs pressions auprès des autorités vermontoises.

Chez VG, on réaffirme l'ampleur des avantages économiques et environnementaux du prolongement du gazoduc, parce qu'il augmentera l'accès à un combustible - le gaz naturel - réputé beaucoup moins cher et moins polluant que le mazout d'usage courant.

Quant à l'impact des surcoûts du gazoduc de VG sur les prochains résultats financiers de Gaz Métro et son actionnaire principal Valener, qui est coté à la Bourse de Toronto, on le considère encore «potentiellement minime et très dilué», selon la porte-parole de Gaz Métro, Mme Demers.

Selon l'analyste Carl Kirst, spécialiste des secteurs pétrolier et gazier chez BMO Marché des capitaux, il faudra attendre les autorisations tarifaires du VPSB pour ce nouvel approvisionnement en gaz naturel pour jauger de l'impact financier des surcoûts du gazoduc.

«Nous nous attendons à ce que ces surcoûts soient pleinement intégrés dans la détermination des tarifs autorisés. Tant que ça sera le cas, l'impact sur les futurs résultats de Valener [Gaz Métro] ne devrait pas nuire au rendement attendu sur cet investissement», a indiqué M. Kirst depuis son bureau de Houston.

---------------

LE GAZODUC DE GAZ MÉTRO AU VERMONT

> Filiale impliquée: Vermont Gas, Burlington (Vermont)

> Longueur: 115 kilomètres en deux tronçons de 70 km et 45 km

> Trajet: de Burlington (Vermont) à Ticonderoga (État de New York)

> Coût estimé: 171 millions US (juillet 2014)

> Coût estimé un an plus tôt: 136 millions US

> Échéancier prévu de construction: de 2014 à 2016