Les prix du pétrole ont nettement chuté vendredi à New York et à Londres, jusqu'à des niveaux plus vus depuis ce printemps, plombés par des craintes sur la demande mondiale en or noir sur fond d'apaisement relatif des risques géopolitiques.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en août a plongé de 2,10 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), pour s'établir à 100,83 dollars, à son plus bas niveau depuis le 12 mai.

De même, à Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a plongé de 2,01 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) par rapport à la clôture de jeudi, clôturant à 106,66 dollars. Il s'agit de son plus bas niveau en clôture depuis le 7 avril.

«Les peurs sur l'Europe et son système financier ont nettement pesé sur le marché aujourd'hui», a noté Carl Larry, de Oil Outlooks and Opinion. «C'est quasiment chaque année le même scénario à la même époque depuis 2010», que ce soit avec les déboires de la Grèce, de Chypre ou du Portugal.

La confiance des marchés dans la stabilité européenne est en partie ébranlée et «on s'inquiète d'une économie moins solide en zone euro qui se traduirait par une demande en or noir bien plus faible», a précisé M. Larry.

Les craintes d'insolvabilité de la plus grosse banque privée du Portugal, BES, dont la maison-mère Espirito Santo est en proie à de graves difficultés, ont jeté un froid sur les marchés depuis jeudi.

Et les assurances données vendredi par les responsables portugais affirmant qu'il n'y avait pas de risque pour le système financier n'ont pas réussi à calmer toutes les craintes sur le marché de l'énergie.

«Les inquiétudes sur l'économie» et la demande pétrolière mondiale «ont pris le pas sur les craintes géopolitiques» de nature à perturber l'afflux de l'offre en brut sur le marché, a-t-il estimé.

Le marché pétrolier new-yorkais enregistrait ainsi sa troisième semaine de baisse consécutive, en diminution de quelque 7 % depuis fin juin.

Après s'être envolés sur des craintes liées à l'offensive djihadiste en Irak, les prix ont en effet nettement décliné depuis, en l'absence de perturbation notable de l'offre irakienne en brut.

La normalisation en cours du secteur pétrolier libyen n'a fait qu'accentuer la pression sur les prix, promettant une augmentation de l'afflux de brut sur le marché mondial.

Les autorités libyennes et les rebelles autonomistes de l'Est (qui ont bloqué les terminaux pétroliers pendant près d'un an) ont en effet annoncé la semaine dernière «la fin de la crise pétrolière» dans le pays.

Les perturbations des rebelles autonomistes avaient provoqué une forte chute de la production libyenne, par moment réduite à moins de 200 000 barils par jour, contre environ 1,5 million de barils par jour en temps normal.

En outre, aux États-Unis, «la mauvaise performance des prix de l'essence sur le marché à terme, à la suite des chiffres hebdomadaires décevants publiés mercredi, n'aide pas les cours de l'or noir» sur le Nymex, a ajouté Bob Yawger, de Mizuho Securities.

Contre toute attente, les stocks d'essence ont enregistré une progression de 600 000 barils début juillet, surprenant les experts qui tablaient sur un recul, tandis que la demande a diminué cette semaine-là de 0,4 % en glissement annuel.

Or, «qui dit moins de demande d'essence, dit moins de demande de brut», a-t-il précisé.

La saison estivale, qui est aussi la saison des grands déplacements en voiture aux États-Unis, est traditionnellement une période de forte demande en produits raffinés dans le pays.