Cascades (T.CAS) a annoncé mercredi la fin de ses activités de papier kraft à East Angus d'ici le 3 octobre, une décision qui entraînera la mise à pied d'environ 175 employés.

La production a été stoppée mercredi matin, afin de permettre à la direction d'en faire l'annonce aux employés.

Cette fermeture marque la fin de la production de papier kraft pour l'entreprise de Kingsey Falls.

La société avait déjà annoncé à ses employés qu'elle se retirerait du secteur du papier kraft en novembre, comme elle a décidé, récemment, de se retirer du secteur des papiers fins afin de se concentrer uniquement sur les produits d'emballage, le papier tissu et la récupération.

Le président et chef de l'exploitation du groupe des produits spécialisés de Cascades, Luc Langevin, a expliqué en entrevue à La Presse Canadienne que le secteur des papiers Kraft n'était tout simplement plus viable depuis que des producteurs américains de papier journal en perte de vitesse ont converti leurs installations pour fabriquer ce produit.

«Ces gens-là sont arrivés dans le marché avec un tonnage supplémentaire, en fait ils ont inondé le marché, surtout dans les produits de commodités. Ils ont complètement détruit les conditions de marché et ça, ç'a vraiment été le coup de grâce dans les trois ou quatre dernières années», a-t-il expliqué.

La compagnie avait offert de remettre l'usine aux travailleurs, libre de toute dette accumulée et d'assumer le régime de retraite. Elle avait réussi à s'assurer de la collaboration du gouvernement du Québec qui s'était engagé à investir 10,5 millions de dollars sous forme de prêts, en plus de l'appui du Fondaction de la CSN.

Il n'a pas été possible, toutefois, d'attirer un investisseur privé, le dernier maillon de la chaîne qui aurait permis de relancer l'usine avec une nouvelle production, une option que Cascades ne pouvait plus envisager.

«Nous ne sommes plus capables d'augmenter notre niveau d'endettement actuel et nous nous devons de faire des choix, a expliqué M. Langevin. Nous étions prêts à offrir l'usine à nos employés, mais nous ne pouvons plus investir dans ces usines-là.»

Le président du syndicat, Éric Huppé, n'a pas caché sa déception, d'autant plus que les employés étaient prêts à faire les sacrifices requis pour sauver leurs emplois.

«Les travailleurs étaient prêts à faire des concessions dans une prochaine convention. On donnait presque un chèque en blanc pour ce qui est des prochaines fermetures parce qu'on laissait de côté nos primes de licenciement s'il y avait une relance. C'était beaucoup d'argent sur la table. Nous perdions notre fonds de pension; nous étions prêts à ouvrir sur une certaine polyvalence, une flexibilité des travailleurs», a expliqué le syndicaliste.

La direction de Cascades a précisé qu'elle relocaliserait du personnel dans ses autres installations, dans la mesure du possible, et qu'elle travaillerait avec le syndicat et les gouvernements pour réduire l'impact de sa décision sur les employés et la collectivité.

Bien qu'ils savaient que l'hypothèse d'une fermeture était bien réelle, plusieurs employés étaient en état de choc à la suite de l'annonce.

«Ce sont des choix qui se font au-dessus de nous, au niveau de la gestion de l'entreprise. Nous, là-dedans, nous sommes impuissants», a déclaré Jean-François Desbiens, un travailleur comptant 28 ans d'expérience.

L'usine d'East Angus, située sur la rue Warner, a été fondée en 1881. Elle a été acquise par Cascades en 1983.

L'autre usine de Cascades située à East Angus, celle qui produit du carton plat couché, n'est pas affectée par la décision annoncée mercredi.