Le temps plus froid des deux derniers hivers sourit à Hydro-Québec. Il lui a permis de gonfler ses profits et, surtout, de renouveler l'intérêt de la Nouvelle-Angleterre pour l'électricité québécoise, qui pourrait y être exportée en plus grande quantité.

«On a senti un intérêt renouvelé de la Nouvelle-Angleterre pour le projet d'interconnexion Champlain Express», a fait savoir hier le grand patron d'Hydro-Québec, Thierry Vandal, à l'occasion de la publication des résultats de l'exercice 2013.

Cette interconnexion qui aboutirait à New York est un des trois projets de lignes de transport sur lesquels Hydro-Québec compte pour augmenter ses exportations sur le marché américain.

Malgré l'abondance du gaz naturel dans le nord-est des États-Unis, les gazoducs ne suffisent pas à la demande des marchés les plus populeux comme Boston et New York, ce qui a fait exploser les prix au cours des deux derniers hivers, les plus rigoureux depuis longtemps.

Ce marché très dépendant du gaz naturel «réalise maintenant qu'une diversité des approvisionnements, c'est toujours une bonne chose. On sent vraiment qu'il pourrait y avoir un intérêt supplémentaire pour l'électricité du Québec», a soutenu le patron d'Hydro-Québec.

Le Vermont fermera à la fin de l'année sa centrale nucléaire qui lui fournit le tiers de l'électricité qu'il consomme et il devrait aussi acheter plus d'électricité québécoise. Il y a une possibilité de doubler les exportations actuelles de 300 mégawatts, a indiqué M. Vandal.

Tout ce potentiel dépend toutefois de la réalisation des nouvelles interconnexions par leurs promoteurs, des projets très contestés et difficiles à mener à bien. En plus de Champlain Express, les autres projets sont Northern Pass et New England Power Link.

Exportations records

Grâce à ces formidables surplus, Hydro-Québec a exporté un volume sans précédent de kilowattheures en 2013. La société d'État en a obtenu un prix légèrement plus élevé qu'il y a un an, soit 4,4 cents par kilowattheure en 2013 comparativement à 4,1 cents par kilowattheure en 2012.

Hydro ne le dit pas, mais la rentabilité de ses exportations est surtout attribuable à la baisse du dollar canadien, a commenté Jean-François Blain, spécialiste en énergie.

Thierry Vandal, pour sa part, estime que le prix du gaz naturel et donc de l'électricité sur les marchés d'exportation sont repartis à la hausse. «Des prix très bas comme on a vu en 2012, cette page est tournée», a-t-il soutenu.

Hydro-Québec, qui n'a plus de président à son conseil d'administration depuis le départ de Pierre Karl Péladeau, a prudemment attendu la fin de la campagne électorale avant de publier les résultats de son exercice terminé depuis le 31 décembre 2013. En 2012, le rapport annuel avait été rendu public en mars.

Depuis son arrivée au pouvoir, le nouveau gouvernement n'a pas demandé à Hydro de revoir son projet de construction de nouvelles centrales, qui augmentera considérablement des surplus déjà importants. Son patron s'attend toutefois à ce que la société d'État soit mise à contribution pour combler le fossé budgétaire.

«Il y aura un budget prochainement, et Hydro-Québec fera bien sûr sa juste part», a indiqué Thierry Vandal, qui ne se prête pas souvent aux questions des journalistes. Et quand il le fait, comme hier, l'exercice est très bref.

Résultats d'Hydro-Québec en 2013

> Revenus: 12,6 milliards (+ 8,3%)

> Bénéfice net: 2,9 milliards (+ 7,3%)

> Dividende versé au gouvernement : 2,2 milliards comparativement à 645 millions en 2012*

> Rendement sur les capitaux propres: 14,6%

* L'exercice 2012 comportait une charge de 1,8 milliard reliée à la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2, ce qui a réduit exceptionnellement le dividende versé au gouvernement

Contribution d'Hydro-Québec aux finances publiques

> Dividendes: 2,2 milliards

> Redevances hydrauliques : 669 millions

> Taxe sur les services publics : 245 millions

> Taxes municipales et autres : 81 millions

> Total : 3,2 milliards