L'hiver rigoureux qui a sévi sur le nord-est des États-Unis pourrait inciter certains États à se tourner vers Hydro-Québec afin de diversifier leur approvisionnement en énergie, estime son président-directeur général, Thierry Vandal.

En marge du dévoilement des résultats annuels de la société d'État, vendredi, à Montréal, M. Vandal a laissé entendre que certains projets visant à exporter de l'hydroélectricité aux États-Unis pourraient progresser «dans les mois qui viennent».

Il a fait référence aux projets d'interconnexion vers l'État de New York, de la Nouvelle-Angleterre ainsi que d'une augmentation des exportations vers le Vermont, dont l'unique centrale nucléaire fermera ses portes d'ici la fin de l'année.

«La Nouvelle-Angleterre dépend beaucoup de son infrastructure (...) et cette infrastructure a été très sollicitée (au cours de l'hiver), a souligné M. Vandal. Elle réalise que son infrastructure est très sollicitée et qu'une diversité d'approvisionnement est toujours une bonne chose. On sent vraiment qu'il pourrait y avoir une ouverture (...) dans les mois et années qui viennent.»

En ce qui a trait à l'État du Vermont, le PDG d'Hydro-Québec estime que la société d'État pourrait y doubler ses exportations d'hydroélectricité (300 mégawatts) si les discussions aboutissent.

«Le Vermont fermera en fin d'année sa seule centrale nucléaire, qui représente (...) le tiers de l'approvisionnement en électricité, a-t-il rappelé. Nous avons pris l'initiative de voir dans quelle mesure on pourrait accroître cette capacité.»

Même si Hydro-Québec a les yeux tournés vers les États-Unis, son dirigeant a prévenu que ces trois dossiers n'allaient pas nécessairement aboutir.

«Nous allons aller de l'avant avec ceux (les projets) qui réuniront toutes les conditions (sur l'aspect des permis ainsi que des conditions commerciales)», a dit M. Vandal.

La société d'État a vu ses profits grimper à 2,9 milliards de dollars au cours de l'exercice 2013, notamment grâce à une hausse de ses revenus provenant de l'extérieur, les températures froides ainsi qu'une réduction de ses coûts.

Par rapport à 2012, Hydro-Québec a ainsi vu son bénéfice provenant des activités poursuivies augmenter de 202 millions de dollars.

Cette performance s'explique notamment par une hausse de 254 millions de dollars des exportations nettes ainsi qu'une diminution des achats de 122 millions de dollars auprès de Rio Tinto Alcan, dont les travailleurs de l'usine d'Alma avaient été en grève en 2012.

«Il y a eu une année exceptionnelle en 2012 durant cette période de conflit, a reconnu M. Vandal. L'année 2013 a été normale, où nos achats ont été limités.»

Les revenus de la société d'État ont quant à eux progressé de 745 millions de dollars pour se chiffrer à 12,9 milliards.

Son bénéfice net s'est chiffré à 2,94 milliards de dollars, en forte augmentation par rapport à 860 millions de dollars lors de l'exercice 2012.

Cet écart s'explique par la décision de la société d'État d'abandonner, en 2012, le projet de réfection de la centrale nucléaire de Gentilly-2 ainsi que de mettre fin aux activités nucléaires, ce qui s'était traduit par une charge de 1,87 milliard de dollars.

Cela a fait en sorte de faire bondir de façon significative le dividende versé par Hydro-Québec au gouvernement du Québec pour l'exercice 2013, qui passe de 645 millions à 2,2 milliards de dollars.

Le PDG d'Hydro-Québec a également souligné que des gains d'efficience estimés à 42 millions de dollars avaient été réalisés au cours du dernier exercice.

Outre le déploiement des nouveaux compteurs, qui, selon M. Vandal, améliorent l'efficacité de la société d'État, cette situation s'explique par le départ de 1340 travailleurs, ce qui a fait passer son nombre d'employés à 19 692.

Même si le gouvernement Couillard a l'intention de demander des gains d'efficience aux sociétés d'État afin de générer davantage de revenus, M. Vandal ne croit pas que cela devrait se traduire par une réduction supplémentaire d'employés.

«On a atteint (...) un niveau (...) qui, je crois, va se stabiliser, a-t-il dit. Il va y avoir d'autres gains, mais il y aura aussi de la croissance, comme lorsque nous mettrons de l'avant de projet de La Romaine.»

M. Vandal a également laissé entendre que le gouvernement Couillard, depuis son arrivée au pouvoir, ne lui avait pas encore exigé des gains supplémentaires d'efficience.

«Il y aura un budget prochainement et chez Hydro-Québec, on répondra de façon très certaine aux attentes de notre actionnaire, a-t-il dit. Nos marchés ont connu en 2013 une progression, et on espère que ça pourrait être le cas dans l'année qui vient.»