Après avoir obtenu une hausse de son taux de rendement et la plus importante augmentation de tarifs des 10 dernières années, Hydro-Québec ponctionnera 13 millions de dollars dans les réseaux municipaux de distribution d'électricité.

«Ce n'est pas l'idée du siècle», ronchonne Bernard Sévigny, maire de Sherbrooke et président de l'Association des redistributeurs d'électricité du Québec (AREQ).

Les réseaux municipaux de distribution d'électricité font les frais de la décision du gouvernement d'augmenter les profits d'Hydro-Québec, explique le maire de Sherbrooke.

Hydro-Sherbrooke est le plus important des 10 réseaux indépendants de distribution d'électricité qui subsistent au Québec. La décision d'Hydro-Québec de modifier le calcul du prix de gros de l'énergie qui leur est consenti coûtera 7 millions par année à la Ville de Sherbrooke.

«C'est 30% de notre profit net», précise le maire.

À l'autre bout du Québec, le maire de Saguenay, Jean Tremblay, est en colère lui aussi. «On perd 3 millions par année sur des profits de 7 millions, dit-il. On va être obligés de taxer davantage.»

Les clients de ces réseaux seront doublement frappés: par la hausse des tarifs d'Hydro-Québec, dont ils héritent automatiquement, et par la hausse de leurs taxes municipales, qui comblera le manque à gagner des villes.

Jean Tremblay qualifie «d'hypocrite» la façon d'Hydro-Québec d'augmenter ses profits sans faire d'efforts.

«C'est plus facile de nous augmenter que de couper dans leurs propres dépenses, dit-il. Si Hydro-Québec était mieux gérée, on serait aussi riches que l'Alberta», dit-il.

Les redistributeurs d'électricité ont tenté sans succès de discuter de leur tarification avec Hydro-Québec. Ils ont aussi plaidé leur cause devant la Régie de l'énergie, en vain. Mais ils ne baissent pas les bras. «Nous avons l'intention de poursuivre le combat sur le plan politique», dit le maire de Sherbrooke.

Un calcul injuste

Selon Hydro-Québec, les réseaux municipaux ont toujours bénéficié d'un avantage indu par rapport aux autres catégories de clients. La nouvelle façon de calculer le prix de l'énergie aura un impact important sur les réseaux, surtout les plus gros comme Hydro-Sherbrooke et Hydro-Saguenay, reconnaît la société d'État, qui étalera les changements sur trois ans pour atténuer cet impact.

Les réseaux indépendants devront désormais acheter toute l'année 75% de l'énergie dont ils ont besoin pendant la pointe d'hiver, prévoit le nouveau calcul d'Hydro. Ça signifie des achats d'électricité inutiles pendant tout l'été, quand les besoins sont la moitié de ce qu'ils sont en hiver.

Les réseaux indépendants ont toujours géré leurs besoins de façon serrée et investi pour réduire leurs besoins au cours de la pointe d'hiver quand l'énergie leur coûte plus cher. C'est une des raisons qui expliquent que leur rentabilité a augmenté avec le temps. Mais ces profits attisent maintenant la convoitise d'Hydro-Québec. «On a l'impression qu'on paie pour l'appétit d'Hydro-Québec de renflouer les coffres du gouvernement», dit le président de l'AREQ.

La STM aussi

Les redistributeurs d'électricité ne sont pas les seuls à être touchés par le réaménagement des tarifs d'Hydro-Québec.

La Société de transport de Montréal (STM), qui a toujours bénéficié du tarif industriel (tarif L, exempté de l'indexation annuelle), a été transférée dans une nouvelle catégorie tarifaire, ce qui aura pour effet d'ajouter 500 000$ à sa facture d'électricité, en plus de l'augmentation tarifaire annuelle.

Avant le déclenchement de la campagne électorale, le gouvernement s'était engagé à négocier avec Hydro un retour de la STM au tarif L.