L'archevêque sud-africain Desmond Tutu, icône de la paix, a demandé vendredi aux États-Unis de ne pas construire l'oléoduc géant Keystone, affirmant que cette «bombe au carbone» condamnerait la capacité des États-Unis à s'ériger en leader dans la lutte contre le changement climatique.

Desmond Tutu, qui a longtemps combattu le régime d'apartheid en Afrique du Sud, est à la tête d'un mouvement de contestation mondial qui a fait parvenir une lettre au secrétaire d'État John Kerry l'enjoignant de rejeter la construction de cet oléoduc controversé.

«Le verdict d'autoriser ou de rejeter la construction de l'oléoduc Keystone XL peut, en un instant, confirmer ou condamner le rôle de leader que l'Amérique peut jouer dans la lutte contre le changement climatique», explique la lettre envoyée à John Kerry, rendue publique par l'organisation Avaaz.

«C'est une décision politique qui aura une grande signification. Keystone a été surnommé "le fusible pour la plus grande bombe au carbone de la planète"», ajoute la lettre signée par plusieurs autres personnalités.

Les écologistes sont fermement opposés à Keystone. Ils craignent des risques de fuite le long du tracé et s'en prennent au type de pétrole qui serait transporté: issu de sables bitumineux, son extraction et son exploitation émettent au final plus de gaz à effet de serre.

Sur ces deux points, le département d'État estime que les risques sont minimes. Mais le projet attend toujours la recommandation finale de John Kerry, défenseur de longue date de l'environnement.

La lettre adressée à John Kerry est accompagnée d'une pétition qui avait été signée par près d'un million de personnes vendredi à 14 h.

L'oléoduc doit servir à acheminer du pétrole depuis la province d'Alberta, dans l'Ouest canadien, vers les raffineries américaines du golfe du Mexique, au Texas.

La portion sud, entre le Nebraska et le Texas, fonctionne déjà. L'oléoduc Keystone XL, d'une longueur proposée d'environ 1900 km dont 1400 km sur le territoire américain, relierait la portion sud au Canada, et permettrait de plus que doubler la capacité de transport par rapport au circuit existant, plus long.

Le premier ministre conservateur canadien, Stephen Harper, et les élus républicains aux États-Unis poussent de leur côté pour la construction de l'oléoduc, qui selon eux créerait de nombreux emplois et améliorerait la sécurité énergétique américaine en réduisant le besoin d'importations de pétrole en provenance du Moyen-Orient.