Une offre concurrente de la part d'un producteur d'or pour Osisko serait peut-être plus probable si elle venait avec l'appui d'une firme privée d'investissement.

C'est une possibilité qu'il ne faut pas écarter, selon Dan Rollins, de RBC.

«Je pense que l'offre de Goldcorp est un coup de semonce pour forcer Osisko à s'asseoir pour négocier une transaction amicale ou pour présenter une proposition supérieure aux investisseurs», dit-il.

Les analystes s'entendent pour dire qu'une offre concurrente demeure peu probable, même si le geste de Goldcorp est opportuniste après l'important repli boursier d'Osisko. Mais les probabilités de voir l'offre initiale être acceptée semblent également faibles.

«Telle que je connais Osisko, les dirigeants vont tout faire pour dénicher une meilleure offre», affirme Barry Allan, de Mackie Research.

«La liste des prétendants capables de faire une offre supérieure à 2,6 milliards est toutefois courte. Et je suis convaincu que Goldcorp est déjà prête à y répondre.»

«Goldcorp est possiblement le seul joueur du secteur aurifère avec la flexibilité financière et une évaluation boursière pour faire en sorte que l'acquisition d'Osisko soit créatrice de valeur pour les actionnaires», indique Greg Barnes, de la TD.

Chez Canaccord/Genuity, Rahul Paul pense que Goldcorp pourrait bonifier son offre de 5% à 10%. «La plupart de ceux qui ont la capacité de s'offrir Osisko semblent des concurrents improbables pour une transaction d'envergure ou sont davantage des vendeurs d'actifs plutôt que des acheteurs en ce moment.»

Son collègue Tony Lesiak pense même que le principal risque associé à l'offre de Goldcorp n'est pas le dépôt d'une offre concurrente, mais bien le fait de voir les actionnaires d'Osisko dire «non, merci».

Voici néamoins six prétendants potentiels:

Barrick Gold: «Historiquement, j'aurais pensé que Barrick serait un sérieux candidat pour acheter Osisko. Malartic serait un bel actif pour Barrick. Le bilan financier de Barrick est toutefois en réfection et la compagnie est davantage dans un mode de préservation du capital. Je pense aussi qu'il faudra du temps pour rebâtir la crédibilité des dirigeants avant de penser à réaliser des acquisitions», dit Tony Lesiak.

Newmont Mining: «Je qualifierais Newmont de candidat improbable dans cette course. Newmont a le bilan pour élaborer une offre de 1,5 milliard en argent et de 5 milliards en valeur globale, mentionne Tony Lesiak, mais la compagnie appuie rarement sur la gâchette. Newmont réaliserait par ailleurs moins de synergies que d'autres prétendants».

Kinross Gold: «D'un point de vue stratégique, dit Tony Lesiak, Kinross devrait être perçu comme un candidat. Les principales activités de Kinross en Amérique du Nord se font à ciel ouvert (comme à Malartic). L'ajout de Malartic et de Upper Beaver devrait aider diminuer la structure de coûts. De plus, Kinross a le bilan requis et pourrait vouloir un investissement alternatif au projet d'expansion de sa mine Tasiast en Mauritanie (Afrique).  Il pourrait par contre être un peu tôt pour avoir l'approbation du conseil afin d'exécuter une autre transaction de plusieurs milliards.»

Agnico-Eagle: «C'est peut-être Agnico qui serait en mesure de réaliser le plus de synergies avec Osisko, croit Tony Lesiak. L'entreprise est présente au Québec et a des installations près de Malartic. Le titre d'Agnico profite aussi d'un multiple intéressant en Bourse pour l'aider à bâtir une offre. Agnico n'a par contre pas le bilan pour rivaliser avec Goldcorp pour ce qui est de la portion en argent. Une offre de trois milliards en actions impliquerait une dilution trop importante pour les actionnaires. La compagnie pourrait toutefois profiter d'une union entre Goldcorp et Osisko. Il pourrait y avoir une opportunité éventuelle pour acquérir Upper Beaver.»  

Yamana Gold: «Yamana pourrait être une wild card. Mais ça serait certainement difficile au niveau financier», pense Barry Allan.

Eldorado Gold: «Comme dans le cas de Yanama, Eldorado a la capacité de faire une offre en actions sans trop diluer ses actionnaires, dit Richard Gray, chez Cormark Securities. Mais est-ce que la compagnie veut s'embarquer dans une surenchère avec Goldcorp? Ça, c'est une autre question.»