Depuis 2008, Goldcorp a essuyé pas moins de quatre rebuffades de la part de la direction d'Osisko. C'est ce qui a poussé l'entreprise de Vancouver à présenter une ultime offre d'achat de la minière québécoise directement aux actionnaires de celle-ci, lundi.

Goldcorp a fait sa première offre en novembre 2008, deux jours après la publication par Osisko de l'étude de faisabilité de sa future mine de Malartic, en Abitibi. Goldcorp proposait alors 2,13$ par action d'Osisko, soit 25% de plus que le cours du titre en Bourse, ce qui conférait une valeur d'environ 550 millions au capital-actions de l'entreprise. La direction d'Osisko a rejeté l'offre, précise Goldcorp dans un document rendu public hier. Notons que trois mois plus tôt, Osisko avait contacté Goldcorp pour lui proposer d'acheter 8 millions d'actions à 2,50$ pièce, une transaction à laquelle avait consenti le géant minier.

En avril et en septembre 2009, Goldcorp a présenté deux nouvelles offres d'achat à Osisko, qui les a rejetées. Le document ne précise pas la valeur de ces offres. En février 2011, découragée de la tournure des événements, Goldcorp s'est départie de la totalité de sa participation dans Osisko, qui s'élevait alors à 38,6 millions d'actions, soit 10,1% du total. Goldcorp a enregistré un joli gain de 320 millions US au passage.

Reprise et fin des entretiens

À l'été 2012, le président du conseil d'administration de Goldcorp, Ian Telfer, a rencontré le PDG d'Osisko, Sean Roosen. Selon Goldcorp, M. Roosen aurait alors demandé que l'entreprise vancouvéroise «reprenne ses entretiens avec Osisko avec l'intention de conclure une opération». En août 2013, au cours d'une rencontre avec le PDG de Goldcorp, Charles Jeannes, Sean Roosen a accepté d'aborder la question d'une transaction avec le conseil d'Osisko. Mais en novembre, Osisko a décidé de mettre fin aux pourparlers.

Notons que d'août 2008 à octobre dernier, les deux entreprises ont été liées par deux ententes de confidentialité en vertu desquelles Osisko acceptait de communiquer des informations confidentielles à Goldcorp pour permettre à cette dernière de réaliser des vérifications diligentes. En retour, Goldcorp s'était engagée à ne pas déposer d'offre d'achat hostile.

Le document publié hier précise par ailleurs que Goldcorp pourrait être tenue de rembourser sans délai les détenteurs de prêts à long terme d'Osisko: l'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada (150 millions), la Caisse de dépôt et placement (37,5 millions), Investissement Québec (37,5 millions) et le Fonds de solidarité FTQ (20 millions). À la fin de 2012, la Caisse était par ailleurs l'un des principaux actionnaires d'Osisko avec une participation de 4,4% qui valait alors 156 millions. On ignore à combien s'élèvent actuellement les intérêts de l'institution.

Notons enfin que si Goldcorp réussit à mettre la main sur Osisko et que les hauts dirigeants de l'entreprise québécoise sont remerciés dans les six mois suivant la transaction, ceux-ci auront droit à des indemnités totalisant 15,3 millions, dont 5,3 millions pour M. Roosen.