L'Indonésie a largement assoupli l'interdiction d'exporter des minerais bruts, face à la vive opposition des compagnies minières, après d'intenses tractations qui ont abouti une heure avant l'entrée en vigueur de la loi dimanche.

Le président Susilo Bambang Yudhoyono a signé peu avant minuit samedi une nouvelle réglementation qui vide largement de sa substance le moratoire que Jakarta comptait imposer.

Le gouvernement avait adopté une loi dès 2009 obligeant l'ensemble des compagnies minières à se préparer à une interdiction totale, qui devait entrer en vigueur ce dimanche, d'exporter tout minerai brut.

Cette réglementation avait été décrétée dans le cadre d'une montée du «nationalisme des ressources» par lequel l'immense archipel entend tirer un plus grand profit de sa grande richesse en ressources naturelles.

L'Indonésie est notamment le premier exportateur mondial de nickel, d'étain et de houille. Le pays abrite également la plus grande mine au monde de cuivre et d'or, en termes de réserves exploitables, située à Grasberg, en Papouasie, et détenue par l'américain Freeport.

L'archipel entendait ainsi contraindre les compagnies minières à raffiner sur place, afin d'accroître les retombées économiques pour le pays émergent où la moitié de la population des quelque 250 millions d'habitants vit avec moins de deux dollars par jour.

Mais très peu de compagnies minières se sont lancées dans la construction très coûteuse de raffineries, arguant que cela n'était pas rentable dans un contexte de surproduction et, parfois, de baisse des cours.

La réglementation avait ainsi suscité une vive opposition des investisseurs locaux et étrangers, qui brandissaient la perte de dizaines de milliers d'emplois et de précieuses rentrées fiscales en cas de mise en oeuvre de l'interdiction.

La nouvelle réglementation, dont les détails ne sont pas encore connus, repousse l'échéance à 2017, permettant d'ici l'exportation de minerais d'ici là à condition qu'ils aient un certain niveau de concentration et que les minières s'engagent à construire des raffineries.

Cela va notamment permettre aux géants américains Freeport et Newmont de continuer à exporter leurs minerais.

En revanche, l'interdiction totale reste en vigueur pour le nickel et la bauxite, a indiqué dans la nuit de samedi à dimanche le ministre de l'Énergie et des Minerais, Jero Wacik.

Des taxes à l'exportation seront de plus imposées sur les exportations, et iront en augmentant jusqu'en 2017 afin de contraindre les minières à la construction de raffineries, a précisé le ministre de l'Industrie, M.S. Hidayat.

«Nous allons imposer des taxes à l'exportation et ces taxes augmenteront progressivement chaque année», a-t-il déclaré.

Les années d'atermoiements et les va-et-vient incessants des autorités avaient suscité une profonde confusion et une vive incertitude sur les marchés, en particulier pour l'étain et le nickel.