Les Cris et le gouvernement du Québec se sont entendus sur un mandat d'enquête sur la filière uranium au Québec. Après s'être assuré de la participation des autochtones de la Baie-James, Québec confiera l'enquête au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), comme il était prévu au départ.

Selon la version préliminaire de l'entente survenue entre le gouvernement et les Cris, ceux-ci ont obtenu des garanties que leurs droits seraient respectés dans le processus, a expliqué à La Presse Affaires Bill Namagoose, directeur exécutif du Grand Conseil des Cris, dans un entretien téléphonique.

L'existence d'un projet d'entente Québec-Cris a été rendue publique par l'entremise d'un décret gouvernemental qui a été publié dans la Gazette officielle à la fin de décembre.

«Le décret consiste en l'approbation d'un projet d'entente qui répondra aux préoccupations des Cris à l'effet que cette enquête confiée au BAPE ne porte pas atteinte aux droits des Cris prévus à la Convention de la Baie James», écrit dans un courriel Geneviève Lebel, responsable des relations avec les médias, au ministère de l'Environnement.

«Le mandat d'enquête [aussi appelé mandat générique] portera sur les enjeux environnementaux et sociaux de la filière uranifère au Québec. Il aura pour but d'informer la population sur les effets potentiels de ses activités, de la consulter et d'alimenter le gouvernement dans sa réflexion sur les mesures à prendre pour assurer la protection de l'environnement.»

Le ministre Yves-François Blanchet avait annoncé en mars dernier sa volonté de confier au BAPE un tel mandat d'enquête sur la filière uranifère. En juillet, le gouvernement avait mandaté l'Université Laval pour réaliser des études sur cette filière, histoire de mieux documenter le sujet.

À l'époque, les Cris avaient reçu froidement l'idée puisque le BAPE n'a pas juridiction sur le territoire de la Baie-James.

Or, le principal projet d'exploration d'uranium au Québec est celui de Ressources Strateco sur la propriété Matoush, dans les monts Otish, au nord de Chibougamau et du village cri de Mistissini. Ce projet est bloqué depuis que le ministre de l'Environnement a refusé son autorisation le 7 novembre, faute d'acceptabilité sociale de la part des Cris.

Strateco a répliqué en demandant à la Cour supérieure d'annuler la décision du ministre et d'émettre le certificat d'autorisation. Les Cris ont depuis obtenu le statut d'intervenant dans cette cause. La requête doit être entendue à Québec le 24 janvier.

«Une étude sur l'uranium, à moins qu'elle ne soit complètement biaisée, ça va être positif pour nous. C'est évident», a commenté le président de Strateco, Guy Hébert, lorsque joint au téléphone. «On n'était absolument pas au courant [de l'entente avec les Cris]. En tant que partie concernée au premier chef, on aurait aimé vraiment l'apprendre autrement que par la Gazette officielle.»

Strateco a dépensé 123 millions jusqu'à présent pour pouvoir mener à bien son projet d'exploration souterraine. Si ce projet allait de l'avant, l'exploration durerait quatre ans, et les 750 tonnes de roche excavée demeureraient sous terre, soutient l'entreprise dans sa requête en justice.