La Régie de l'énergie a commencé à entendre, vendredi, les arguments d'Hydro-Québec pour justifier l'une de ses plus importantes demandes de hausse tarifaire, qui pourrait faire grimper le coût de l'électricité de 5,8% dès le 1er avril 2014 si elle est acceptée.

À Montréal, le président d'Hydro-Québec Distribution, Daniel Richard, a expliqué, au premier jour des audiences, que cette demande était constituée de deux hausses, soit une augmentation de 3,4%, ainsi qu'une hausse de son taux de rendement de 2,4%.

La demande de la société d'État comprend également une indexation de 0,8% du bloc patrimonial d'électricité.

Si elle est acceptée par la Régie, cette augmentation se traduirait par des hausses annuelles de plus de 120 $ pour les clients qui possèdent une résidence de taille moyenne et de 36 $ pour les locataires d'un logement moyen.

«Cette hausse aurait été beaucoup plus importante si ce n'avait été des coûts d'efficience effectués par Hydro-Québec, a expliqué en entrevue son porte-parole, Patrice Lavoie. Cela contribue à ajouter une pression à la baisse de 1,5% sur la demande.»

Devant la Régie, le président d'Hydro-Québec Distribution a expliqué que la société d'État avait été en mesure de réduire ses coûts, notamment grâce à la centralisation ainsi qu'aux nombreux départs à la retraite de certains de ses employés.

Il s'agit néanmoins de la plus importante hausse réclamée par la société d'État depuis 2006, lorsqu'une augmentation de tarif de 5,23% avait été accordée.

En 2013, la facture des consommateurs devrait grimper de 2,4% en vertu de la hausse accordée par la Régie. Les années 2011 et 2012 avaient quant à elles été marquées par des reculs respectifs de tarifs de 0,5% et 0,4%.

Hydro-Québec a fait valoir que cette hausse est nécessaire en raison des coûts engendrés par la mise en service de nouveaux parcs éoliens ainsi que l'indexation du prix de l'électricité patrimoniale.

La société d'État prévoit enregistrer des surplus d'électricité jusqu'en 2027, notamment en raison de la décision du gouvernement du Québec de mettre en service de nouveaux parcs éoliens.

Jusqu'à 2,7% de l'augmentation demandée est lié à l'achat d'éolien même si Hydro-Québec n'a pas besoin de cette énergie.

«C'est une bonne source d'énergie (l'éolien), mais qui coûte plus cher que l'hydroélectricité, explique le porte-parole d'Hydro-Québec Patrice Lavoie. Ça créé une pression à la hausse sur les tarifs.»

Les grands consommateurs d'électricité devront également faire un effort, puisque la société d'État demande une hausse du tarif L de 5%, en tenant compte de la hausse tarifaire et de celle du taux de rendement.

Une poignée de membres de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation de services publics ont discrètement assisté au début des audiences pour dénoncer cette demande d'Hydro-Québec.

«Cela démontre un détournement de la mission de notre société d'État, a affirmé sa co-porte-parole, Véronique Laflamme. L'achat d'électricité éolienne, c'est une décision politique. Ce n'est pas à la population de payer pour des décisions politiques.»

Par ailleurs, Hydro-Québec pourrait soumettre, en février prochain, une proposition à la Régie afin de revoir à la baisse les frais de retrait concernant ses nouveaux et controversés «compteurs intelligents».

Actuellement, les clients de la société d'État qui refusent ces nouveaux appareils doivent débourser 98 $ pour l'installation d'un compteur alternatif ainsi que des frais annuels de 206 $ pour la collecte des données.

M. Lavoie a expliqué qu'Hydro-Québec songe à diminuer ces frais puisque le taux de refus en ce qui a trait à ces nouveaux compteurs ne cesse de diminuer.

D'ici la fin du mois de décembre, la société d'État devrait avoir installé plus de 1 million de nouveaux appareils chez ses clients de la grande région de Montréal.

Le porte-parole d'Hydro-Québec n'a cependant pas été en mesure de préciser à quel point les frais de retrait seraient réduits.