La première ministre Pauline Marois a annoncé jeudi un chapelet de mesures totalisant 430 millions de dollars dans l'espoir de redonner un élan à l'industrie forestière.

Ce montant comporte une centaine de millions de dollars en argent neuf provenant de l'enveloppe de la Politique industrielle annoncée en octobre dernier.

Devant plus de 200 acteurs du milieu réunis à Saint-Félicien au Lac-Saint-Jean pour le «Rendez-vous national de la forêt québécoise», Mme Marois a proclamé «un nouveau départ» pour cette industrie qui n'a toujours pas retrouvé le chemin de la rentabilité après des années de tourmente.

Minée par des conflits commerciaux, les aléas du marché et la crise financière de 2008, l'industrie forestière au Québec a perdu 30 000 emplois, le tiers de sa main-d'oeuvre. La situation demeure critique et selon la première ministre, «l'action des pouvoirs publics» pour protéger la base industrielle du secteur forestier et sa main-d'oeuvre «n'a pas été à la hauteur» jusqu'à présent.

«Tous les problèmes du secteur forestier ne trouveront pas en deux jours des solutions complètes et définitives. Nous ne connaissons pas non plus tous les défis que l'avenir nous réserve. Néanmoins, nous lançons tous aujourd'hui un message très fort. Nous annonçons un nouveau départ pour le Québec forestier», a dit la première ministre, non sans une certaine circonspection quant à la suite des choses.

Pour cet événement tenu dans la municipalité d'adoption du chef libéral Philippe Couillard, en plein coeur de la circonscription de Roberval, le gouvernement Marois s'est assuré de ne pas passer inaperçu. Les ministres Martine Ouellet, des Ressources naturelles, Stéphane Bédard, du Conseil du trésor, et Élizabeth Larouche, déléguée aux Affaires autochtones, ont fait le voyage avec une brochette de députés. Le forum réunit les représentants patronaux, syndicaux et les groupes de pression qui gravitent autour de l'industrie.

Les montants alloués pour la relance de l'industrie sont échelonnés sur des périodes variant entre trois et sept ans. Une tranche de 320 millions sera consacrée pendant les trois prochaines années à la modernisation de la filière forestière, notamment en favorisant l'innovation et le développement de nouveaux produits.

Parmi les autres mesures, un fonds de 50 millions pour la période 2013-2020 a été prévu pour la création d'un programme de biomasse forestière résiduelle.

Ce nouveau programme soutiendra l'utilisation directe de la biomasse à des fins de production d'énergie. L'effet souhaité de cette mesure est de remplacer des combustibles fossiles de façon à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l'industrie.

Dans la même veine du «développement durable», Québec s'engage à participer à hauteur de 27 millions de dollars à trois projets liés à la chimie verte (filaments de cellulose, extraction de la fibre de pâte thermomécanique, bioraffinage) afin de soutenir des investissements qui pourraient atteindre, espère-t-on, 90 millions.

Le gouvernement réservera 67 millions sur trois ans en sylviculture pour divers travaux d'aménagement forestier, de débroussaillage et de reboisement, entre autres. Pour stimuler l'aménagement des forêts privées, Québec révisera le règlement sur le remboursement des taxes foncières, une allonge de 10 millions sur trois ans qui pourrait profiter à 130 000 petits producteurs.

Le bouquet de mesures peut paraître attrayant mais la plus grande des prudences est de mise lorsque les promesses viennent du gouvernement péquiste, a soulevé le chef libéral, qui a présenté les orientations de son parti en matière de forêt, la veille.

«Toutes ces paroles sont intéressantes, agréables à entendre et les sommes d'argent également. Mais ces sommes seront-elles au rendez-vous? La situation budgétaire du Québec nous préoccupe énormément. C'est un problème de crédibilité de la gestion des finances publiques qui est en jeu et il y a le passé. Des annonces ont été faites en campagne électorale mais n'ont pas été réalisées», a fait valoir M. Couillard lors d'un court entretien dans les couloirs du centre des congrès.

Mais pour Richard Garneau, président et chef de la direction de Produits forestiers Résolu - un gros employeur dans la région -, le gouvernement a posé «un geste important» en faveur de l'industrie, un signal susceptible de redonner confiance aux investisseurs.

«C'est un geste important. Nous avons la première ministre qui est là et je vois ça comme un message de fierté. Le gouvernement vient de décider que la forêt était porteuse de développement économique, porteuse d'emplois. J'espère que ça va avoir un impact durable sur la perception que les investisseurs ont du Québec et de l'industrie forestière», a-t-il dit.

Le Rendez-vous national de la forêt se poursuit vendredi.