Le consultant australien Richard Schodde, ancien de BHP Billiton, a prononcé un discours fort couru, hier, au congrès de l'Association de l'exploration minière du Québec, qui se tient dans la capitale jusqu'à demain. Selon lui, l'industrie risque de connaître des jours difficiles jusqu'en 2020. Les constats de Richard Schodde.

1. Un ralentissement prolongé

Les dépenses d'exploration ont explosé au cours de la dernière décennie. Au Canada, elles sont passées de 430 millions en 2001 à 4,3 milliards de dollars en 2011. Elles ont reculé l'an dernier et, cette fois-ci, M. Schodde ne prédit pas un redressement rapide comme celui que l'industrie avait connu après la récession de 2008. Ses projections, fondées sur un cours de l'or à 1200$US l'once (le prix actuel est de 1290$US), laissent entrevoir des dépenses d'exploration de 2,9 milliards en 2020 au Canada, soit 33% de moins qu'en 2011.

2. Les «juniors» ne disparaîtront pas

Entre 1960 et 2012, les petites entreprises minières (les «juniors») ont effectué 36% des dépenses d'exploration et réalisé 45% des découvertes au Canada. Les juniors prennent de plus en plus de place: l'an dernier, au Québec, elles étaient à l'origine de 67% des dépenses, comparativement à à peine 29% pour les «majeures». En revanche, les juniors ont de plus en plus de mal à trouver du financement pour leurs projets, si bien que plusieurs d'entre elles sont menacées. Richard Schodde croit toutefois que les entreprises les plus agiles survivront.

3. L'industrie doit revoir son modèle d'affaires

«Au cours des dernières années, beaucoup d'argent a été dépensé en exploration sans donner de résultats probants», affirme Richard Schodde. À l'aide d'un graphique remontant à 1975, le spécialiste a montré que la relation entre les investissements en exploration et le nombre de découvertes, longtemps très étroite, se détériore depuis 2005. La raison principale de cet écart, d'après lui? Les coûts de forage et de main-d'oeuvre, qui ont bondi de plus de 80% depuis 2000.

4. Le Canada perd du terrain

La part du Canada dans les dépenses d'exploration minière mondiales a atteint 13% en 2012, comparativement à 20% en 2004. Le pays frise le creux historique de 11% enregistré en 1997. Il faut dire qu'au cours des 10 dernières années, les investissements de la Chine dans ce domaine ont décuplé pour atteindre 14% du total mondial. Mais il y a plus. De 2003 à 2012, l'exploration a été moins rentable au Canada (lorsqu'on considère la valeur des découvertes) qu'en Afrique, en Australie et en Amérique latine.

5. Les réserves fondent à vue d'oeil

Depuis 20 ans, les réserves canadiennes de plusieurs métaux rétrécissent de façon continue. C'est le cas pour l'or, le zinc, le nickel et le plomb. Seules les réserves de cuivre ont augmenté pendant cette période. La production a également reculé pour l'or, le zinc, le cuivre et le plomb. «Le problème devient urgent, dit Richard Schodde. La question qui se pose, c'est: est-ce qu'on aura assez de temps pour découvrir et développer de nouveaux gisements avant que les mines existantes ne ferment?»