Le gouvernement de Pauline Marois s'est engagé hier à financer à hauteur de 85 millions de dollars un projet de construction d'hydroliennes à Bécancour d'une valeur de 130 millions.

Une coentreprise formée de RER Hydro et du géant américain Boeing a l'intention de fabriquer sur une base commerciale ces turbines géantes qui, une fois immergées dans les rivières, utilisent la force du courant pour produire de l'électricité renouvelable sans barrages.

RER Hydro teste déjà depuis 2010 une hydrolienne dans le fleuve Saint-Laurent, près du pont de la Concorde, à Montréal.

Le projet annoncé hier pousse plus loin l'expérimentation. Sa deuxième phase consiste à installer six autres hydroliennes dans le fleuve Saint-Laurent et à les tester pendant trois ans. RER Hydro s'est associée à Boeing pour cette deuxième étape. Son coût est estimé à 51,5 millions, dont 25 millions en fonds publics.

Si ces tests sont concluants, RER Hydro et Boeing installeront un parc de démonstration de 40 hydroliennes. L'énergie qu'elles produiront sera achetée par Hydro-Québec, même s'il y a des surplus importants d'électricité. TM4, filiale d'Hydro-Québec, fournira des composantes pour la fabrication des alternateurs. Cette phase du projet coûtera 81 millions, dont 61 millions en fonds publics.

Nouvelle filière industrielle

Éventuellement, les deux entreprises pourraient produire commercialement des hydroliennes à Bécancour à raison de 500 par année.

Québec espère voir naître une nouvelle filière industrielle à Bécancour, une région éprouvée par la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2. La coentreprise vise les marchés d'exportation, mais aussi les régions isolées qui ne sont pas branchées à un réseau électrique.

RER Hydro, une entreprise de Montréal qui emploie 35 personnes, a accordé à Boeing les droits exclusifs de commercialisation de sa technologie baptisée TREK (Kinetic Energy Recovery Turbine). «Cette entente avec le gouvernement permettra de produire de l'énergie renouvelable et de protéger l'environnement», a commenté hier le chef de la direction de Boeing, Dennis Muilenberg, par voie de communiqué.

Les grandes lignes de ce partenariat entre les deux entreprises et le gouvernement du Québec avaient été esquissées à Davos, en Suisse, lors du dernier Forum économique mondial.

Si elle se réalise, l'usine de Bécancour sera la première de ce genre au monde, et 600 emplois directs et indirects en découleront, prévoit le gouvernement.