La réforme péquiste de la loi minière est morte, mais les projets de mines de terres rares devraient tout de même être examinés par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

La Presse a obtenu une copie de lettres envoyées à Québec par deux minières qui préparent des projets. Elles se montrent disposées à comparaître devant le BAPE. Ce qui ouvre plus que jamais la porte à un projet de règlement spécial.

«Nous allons dépenser au total 5 millions en études environnementales. On a toujours été prêts à les présenter devant le BAPE, et on va bien sûr collaborer si on nous le demande», indique Aline Leclerc, vice-présidente de la société d'exploration junior Matamec.

Les terres rares sont des métaux utilisés en électronique. Les résidus miniers sont radioactifs. Quelques sociétés développent des projets de terres rares au Québec, dont Matamec, au Témiscamingue, et Quest Rare Minerals, au Nunavik. Pour ces deux projets, la production prévue est inférieure à 7000 tonnes par jour. Ils ne sont donc pas actuellement assujettis au BAPE. Le projet de loi sur les mines, bloqué par l'opposition libérale et caquiste cette semaine, devait permettre au BAPE d'examiner tous les projets.

Face à cette impasse, le ministre de l'Environnement, Yves-François Blanchet, veut adopter un règlement - ce qui ne nécessite pas l'appui de l'opposition - pour que le BAPE examine tous les projets de terres rares. Il ne cible que ce minerai, à cause de «l'urgence» perçue au Témiscamingue. Des citoyens craignent que les résidus radioactifs soient dégagés et transportés par le ruissellement d'une rivière voisine.

Le ministre Blanchet a déjà fait part de son intention d'adopter un projet de règlement. Pour prouver leur bonne foi, Quest et Matamec lui ont écrit, respectivement le 23 et 30 octobre, pour offrir leur collaboration.

Joint par La Presse, M. Blanchet s'est réjoui de cette ouverture. «Ils veulent travailler pour s'assurer de l'acceptabilité sociale de leur projet. Ça me motive fortement à aller de l'avant avec un projet de règlement. Le projet est très avancé. Je ne présume pas du reste de la démarche, mais ça pourrait se faire rapidement.»

L'étude de faisabilité du projet de Matamec est terminée. Il s'agira d'une mine à ciel ouvert, de 1,3 km de longueur. Le projet est situé au Témiscamingue, au nord de la rivière Kipawa, qui se déverse dans un lac situé au sein d'un parc national. Le projet de 374 millions doit créer 400 emplois directs et indirects.

La société a déjà conclu deux ententes avec des communautés autochtones voisines. Elle demandera un certificat d'autorisation au ministère de l'Environnement en 2014.

Le projet de Quest au lac Strange, dans le Nunavik, est moins avancé. Il viendrait avec une usine de transformation dans le sud du Québec.