La volonté du gouvernement Marois d'examiner de plus près le potentiel du Québec en hydrocarbures donne aux entreprises pétrolières et gazières des raisons d'espérer des jours meilleurs, après une longue traversée du désert.

«C'est très encourageant», a indiqué hier Michael Binnion, président-directeur général de Questerre Energy, en marge de l'Assemblée annuelle de l'Association pétrolière et gazière du Québec, dont il est aussi le président.

Selon lui, la volonté affichée du gouvernement d'augmenter l'indépendance énergétique du Québec marque un progrès important. «On est passé de la négation de l'industrie à une forme de reconnaissance et même à un encouragement à son développement», a-t-il expliqué.

Plus tôt dans la journée, le ministre des Finances, Nicolas Marceau, a répété devant les représentants de l'industrie qu'il n'était pas opposé à l'exploitation des ressources en hydrocarbures du Québec, à condition que l'industrie fournisse sa part pour se faire accepter par la population.

Dans la politique économique qu'il a rendue publique au début du mois, Québec affirme que la mise en valeur du potentiel du Québec en hydrocarbures permettrait de créer de la richesse et de diminuer sa dépendance au pétrole importé plus coûteux.

L'intention du gouvernement est de mieux documenter le potentiel québécois, ce qui sonne comme de la musique aux oreilles de l'industrie.

«On est prêts», a lancé le fondateur de Junex, Jean-Yves Lavoie, qui est maintenant président du conseil d'administration de l'entreprise. Grâce au feu vert du gouvernement, Junex pourrait investir 30 millions dès l'an prochain dans cinq forages dans l'île d'Anticosti, a indiqué Jean-Yves Lavoie.

Comme les autres, Junex est encouragée par l'ouverture du gouvernement, mais son fondateur souligne que son discours est axé beaucoup sur le pétrole et pas assez sur le gaz naturel.

En ce qui a trait au gaz, un moratoire de facto est toujours en vigueur au Québec, où les entreprises rongent leur frein après avoir investi 200 millions en exploration.

La décision du gouvernement de stopper les forages a donné lieu à une poursuite de l'entreprise américaine Lone Pine, qui avait acquis des permis d'exploration avant que les règles du jeu changent. Lone Pine réclame 250 millions en compensation dans sa poursuite déposée en vertu de l'Accord de libre-échange nord-américain. Si elle a gain de cause, c'est Ottawa qui paiera la note.

Dialogue avec les écologistes

Autre signe de changement dans le dossier énergétique, les écologistes québécois ont invité les entreprises pétrolières et gazières à participer à un dialogue, dans une lettre envoyée hier à Michael Binnion.

«Il est devenu difficile, voire impossible de discuter d'enjeux énergétiques et de protection du climat dans le contexte de polarisation qui prévaut», écrivent les porte-parole des principaux groupes environnementalistes, dont André Bélisle, de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique, Steven Guilbeault, d'Équiterre, et Karel Mayrand, de la Fondation David Suzuki. «C'est pourquoi nous voulons vous inviter à nous rencontrer».