Le ralentissement mondial dans le secteur des ressources naturelles se fait ressentir jusque dans les firmes de génie du centre-ville de Montréal.

La firme d'ingénierie minière Hatch, qui employait 900 personnes au Québec en 2011, au moment où le Plan Nord en faisait rêver plusieurs, a dû réduire son effectif de 250 personnes depuis, faute de contrats. La firme a mis sur le marché de la sous-location un étage complet d'une superficie de 30 000 pieds carrés du 5, Place Ville-Marie, au centre-ville.

« Avec la crise financière en Europe, le monde occidental a arrêté de consommer, ce qui a causé une érosion de la confiance à l'égard de la croissance en Chine, a expliqué à La Presse Robert Metka, directeur des opérations de l'est de l'Amérique du Nord chez Hatch.

Fondée en 1962 par Gerry Hatch, qui a étudié à l'Université McGill, Hatch est une firme privée qui compte 11 000 employés répartis dans 65 bureaux dans le monde. Le siège social canadien est à Mississauga.

D'après M. Metka, presque tous les acteurs majeurs - Rio Tinto, Arcelor, Glencore Xstrata, Anglo American, BHP - ont progressivement mis les freins à propos de leurs projets d'expansion dans les deux dernières années.

Par voie de conséquence, les projets sur lesquels travaillait Hatch se sont terminés, mais peu ou pas de nouveaux projets ont pris la relève. « On a eu à réduire notre capacité d'à peu près 30 % depuis 2 ans au Québec », a-t-il dit.

La plupart des abolitions de postes découlent de contrats qui n'ont pas été renouvelés ou de départs volontaires, d'après M. Metka, 59 ans.

La situation est-elle pire au Québec qu'ailleurs ? lui avons-nous demandé. « La commission Charbonneau a pour effet de ralentir le rythme des investissements publics », a-t-il répondu, prenant soin d'ajouter qu'avant Charbonneau, Hatch parvenait difficilement à remporter les contrats. « On comprend mieux pourquoi aujourd'hui », a-t-il dit en souriant.

Concernant le gouvernement du Parti québécois, il concède que ses politiques économiques ont pu avoir un effet négatif, mais l'impact reste secondaire comparativement au ralentissement mondial qui a frappé les ressources.

« Mon espoir, c'est que, dans six mois, on pourra dire que le fond a été atteint en août 2013 et que maintenant on recommence à bâtir. »

À défaut d'acteurs majeurs, les juniors et les minières de taille intermédiaire ont recommencé dernièrement à cogner à la porte de Hatch. M. Metka mise également sur les multinationales chinoises et indiennes pour relancer le flot de contrats. Elles multiplieraient leurs investissements dans les ressources naturelles au Canada.

Les bonnes nouvelles viendront peut-être aussi de sa filiale Hatch Mott MacDonald, une coentreprise formée avec la société anglaise Mott MacDonald. Elle loge sa centaine d'employés au deuxième étage du 5, Place Ville-Marie. Le métro, le tramway, le LSR, les routes et les ponts sont des projets susceptibles de l'intéresser.

D'ailleurs, Hatch Mott MacDonald est l'auteur de l'esquisse d'un nouveau pont Champlain à deux niveaux qui a été publiée dans les médias au début d'octobre. « C'était un petit mandat dans lequel on nous a demandé de proposer une approche novatrice », a dit M. Metka.

Réalisée en seulement 5 semaines, l'étude concluait que ce nouveau pont à 2 niveaux coûterait environ 1,4 milliard sur 35 ans, incluant uniquement la construction, l'entretien et l'exploitation de l'ouvrage.