Le Japon souhaite renforcer ses importations de gaz naturel canadien, afin de diversifier son approvisionnement en pleine disette nucléaire post-Fukushima, a annoncé mardi le premier ministre Shinzo Abe en visite à Ottawa.

Le Canada est le troisième producteur mondial de gaz naturel, notamment grâce à d'énormes gisements de schistes dans l'Ouest, et Tokyo «espère vivement renforcer davantage la coopération» avec Ottawa dans ce domaine, a déclaré M. Abe, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue canadien Stephen Harper.

«Le Canada est doté d'importantes ressources énergétiques, dont le gaz naturel qui constitue un gros potentiel en terme de coopération énergétique», a-t-il noté.

Les importations de gaz naturel étant «en hausse» depuis la catastrophe de Fukushima, mais à des «cours élevés», le Japon veut «s'assurer d'un approvisionnement stable de GNL (gaz naturel liquéfié) à des prix compétitifs», a expliqué le premier ministre nippon.

À ses côtés, Stephen Harper - dont le gouvernement est un ardent défenseur des énergies fossiles - a confié que M. Abe et lui venaient de rencontrer des chefs d'entreprises canadiens et que «la discussion portait sur l'énergie».

Les deux pays mènent actuellement deux négociations économiques «très importantes», a-t-il poursuivi sans plus de détails.

La presse japonaise avait affirmé plus tôt que Tokyo et Ottawa pourraient conclure mardi un accord qui permettrait au Japon d'importer jusqu'à 40 millions de tonnes par an de gaz de schiste canadien. Cela représente plus de 45% du volume de GNL importé par le Japon en 2012.

Le bureau du premier ministre n'a pas démenti ces informations, indiquant seulement à l'AFP ne s'attendre à «aucune annonce en ce sens aujourd'hui».

Les médias nippons ont évoqué de possibles aides japonaises pour favoriser l'exportation de GNL canadien vers le Japon. Tokyo pourrait notamment apporter son aide à la construction au Canada de pipelines pour transporter le gaz des sites d'exploitation jusqu'aux ports d'embarquement, et soutenir aussi la mise en place d'infrastructures de transformation du gaz de schiste en GNL.

Troisième puissance économique mondiale, le Japon est le premier consommateur de GNL de la planète. L'archipel paye pourtant un prix plus élevé que les pays européens ou nord-américains, les contrats en Asie étant souvent négociés à long terme et indexés sur les prix du pétrole, avec des tarifs in fine plus élevés que sur le marché du gaz à court terme.

Les autorités japonaises déplorent que cet état de fait perdure malgré une production mondiale de GNL en constante augmentation, notamment grâce au boom de l'exploitation du gaz de schiste aux États-Unis.

Cette situation est d'autant plus pénalisante pour le Japon qu'il a dû fortement augmenter ses importations de gaz naturel pour compenser l'arrêt de son parc nucléaire après la catastrophe de Fukushima de mars 2011. Aucun des 50 réacteurs de l'archipel n'est aujourd'hui en fonctionnement par mesure de précaution.

Si cet accord gazier avec le Canada devait se concrétiser; il interviendrait après la conclusion récente de deux autres accords avec les États-Unis, portant sur la livraison de 6,7 millions de tonnes de gaz de schiste par an au Japon à partir de 2017. En multipliant ce type de contrats, le Japon espère pouvoir négocier des prix plus bas.