Le principal bénéfice du renversement du pipeline d'Enbridge ne sera pas la création d'emplois, mais la survie de l'industrie du raffinage au Québec, a soutenu hier son président-directeur général, Al Monaco.

Invité de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, M. Monaco en a profité pour répondre aux opposants qui soutiennent que son projet n'aura que très peu de retombées économiques pour le Québec.

«Je ne suis pas ici pour vous dire que nous allons créer des milliers d'emplois. Il s'agit principalement d'assurer la survie de l'industrie du raffinage au Québec», a-t-il dit.

M. Monaco n'était pas seul pour sa première apparition publique à Montréal. Les dirigeants des deux dernières raffineries québécoises, celles d'Ultramar et de Suncor, le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement, Michael Sabia, les représentants du patronat et ceux des travailleurs étaient sur place pour signifier leur appui au projet.

Enbridge a inversé une partie de son pipeline entre l'Alberta et l'Ontario pour amener du brut de l'Ouest dans la province voisine. L'entreprise veut faire la même chose pour la partie du tuyau qui passe au Québec, pour approvisionner les raffineries de Montréal et de Lévis.

Selon Daniel Cloutier, un syndiqué de Suncor à Montréal, l'avenir est à risque parce que la raffinerie doit acheter du pétrole importé plus cher que le pétrole canadien. «On est beaucoup moins attrayants qu'on l'était pour les investissements, a-t-il souligné. On ne veut pas voir disparaître une autre raffinerie, ce serait désastreux.»

Besoin de tuyaux

Al Monaco ne considère pas le projet de pipeline de TransCanada comme concurrent à celui d'Enbridge. Le pipeline que veut construire TransCanada nécessiterait des investissements de 12 milliards et 6 années de construction.

«Nous avons besoin de tous les tuyaux proposés», estime-t-il.

Suncor, qui a l'intention de cesser d'importer du pétrole pour approvisionner sa raffinerie de Montréal, s'intéresse d'ailleurs au futur pipeline de TransCanada pour compléter ses approvisionnements en pétrole canadien. En attendant, une partie de ses approvisionnements viendra par train, a indiqué son vice-président, Jean Côté.

Enbridge a une longueur d'avance sur TransCanada. Son projet, connu sous le nom de Ligne 9B, ne nécessite aucune construction et pourrait être prêt dès la fin de 2014, si l'Office national de l'énergie lui donne son aval.

Il coûtera 110 millions, a indiqué hier Enbridge pour la première fois.

Son président soutient que l'âge du pipeline, soit 38 ans, ne devrait pas être un sujet d'inquiétude. «La clé, c'est l'entretien. Il peut durer encore plusieurs décennies, à condition d'être bien entretenu.»

Al Monaco a soutenu que depuis le déversement majeur survenu au Michigan en 2010, son entreprise avait changé. «Cela a fait de nous une meilleure entreprise», a-t-il dit, précisant que le nombre de ressources pour le contrôle et l'entretien des pipelines a été multiplié par deux.

Le patron d'Enbridge a dit apprécier l'ouverture du gouvernement du Québec envers le projet d'inversion de la Ligne 9B.