Même s'il ne fera pas reculer le prix du litre d'essence à la pompe, le projet d'Enbridge visant à inverser le flux d'un de ses oléoducs consolidera les emplois dans le secteur pétrolier québécois ainsi que dans l'industrie pétrochimique, selon le président et chef de la direction de l'entreprise, Al Monaco.

«L'enjeu, c'est de savoir si nous voulons un secteur du raffinage concurrentiel au Québec ou pas», a-t-il exposé, mardi, en marge d'une allocution à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

«On parle de deux installations (Suncor et Ultramar) qui raffinent plus de 20 % du brut au Canada, a ajouté M. Monaco. Si ces raffineries disparaissent, il va y avoir un impact c'est certain.»

Entouré des membres d'une coalition formée de groupes issus du milieu des affaires et de syndicats, M. Monaco a affirmé que quelque 4000 emplois de bonne qualité seraient préservés si le projet de son entreprise va de l'avant.

Il n'a toutefois pas été en mesure de confirmer que de nouveaux emplois seraient créés.

«La priorité, c'est de sécuriser les emplois qui existent déjà, a dit le PDG d'Enbridge. Je crois qu'il y aura de l'embauche pour l'inversion du flux (de l'oléoduc), mais je ne suis pas en train de dire que nous allons créer des milliers d'emplois.»

Un représentant du syndicat des employés de la raffinerie Suncor de Montréal-Est en a aussi profité pour dresser un portrait de la situation actuelle.

«Depuis la fermeture de Shell, nous sommes moins attrayants qu'on l'était pour susciter des investissements, a résumé Daniel Cloutier. Les nouveaux emplois, ça ne sera peut-être pas en 2014, mais nous savons qu'il y a des projets d'investissements dans l'air».

Quant à la possibilité de voir le prix à la pompe reculer si le Québec devait s'approvisionner avec du pétrole en provenance de l'Ouest canadien, le PDG d'Enbridge a tenu à ne pas faire rêver les automobilistes.

«Il y a tellement de variables qui déterminent le prix de l'essence (à la pompe), a dit M. Monaco. Notre travail, je crois, c'est plutôt de répondre à la demande pour l'approvisionnement.»

Une infrastructure qui existe déjà

Le PDG d'Enbridge a aussi profité de son passage dans la métropole pour souligner que l'inversion de la Ligne 9B pour acheminer du pétrole des sables bitumineux de l'Alberta vers l'est du pays ne nécessitera pas la construction d'infrastructures.

D'autres projets d'oléoduc, comme celui de l'entreprise albertaine TransCanada, prévoient notamment une phase de construction pouvant s'étaler sur plusieurs années.

«Nous serons prêts dès 2014, aussitôt que l'inversion sera faite», a souligné M. Monaco.

Le flux de la Ligne 9, construite en 1975, a été inversé il y a un peu plus de 15 ans, afin de permettre, à l'époque, aux raffineries du Québec et de l'Ontario de s'approvisionner en pétrole importé.

Malgré plusieurs cas médiatisés de déversements de pétrole impliquant des oléoducs, le pipeline utilisé par Enbridge sera sécuritaire, même s'il est âgé de 38 ans, a assuré M. Monaco.

«La clé, c'est la façon de l'entretenir, a affirmé le dirigeant d'Enbridge. De la façon dont nous procédons actuellement, le pipeline sera fiable pour plusieurs années encore.»

Sans être en mesure de dévoiler le montant dépensé, M. Monaco a assuré que son entreprise avait fait ses devoirs.

«Nous utilisons de nouvelles technologies pour détecter les fuites (de pétrole), a-t-il expliqué. Les outils que nous utilisons pour les inspections sont également à la fine pointe de la technologie.»

L'Office national de l'énergie, qui mène l'étude pour le gouvernement fédéral dans ce dossier, devrait rendre sa décision concernant l'inversion du flux de la Ligne 9B au plus tard au début de 2014.

De son côté, le gouvernement Marois, qui s'est déjà montré ouvert au projet d'Enbridge, devrait mener des consultations sur le sujet à l'automne. La formule n'a toujours pas été dévoilée.