Ni la résistance des citoyens ni les moratoires votés par les municipalités n'empêchent Hydro-Québec de faire avancer son grand projet de remplacer les compteurs de tous ses clients. En cette fin d'été, le tiers des foyers de la grande région de Montréal ont leurs nouveaux compteurs, et l'installation se poursuit au rythme de 6000 par jour.

Hydro a commencé la première étape de son projet avec six semaines de retard, parce que l'approbation du projet par la Régie de l'énergie est arrivée plus tard que prévu. Ce retard est en voie d'être rattrapé, selon son porte-parole, Patrice Lavoie, et le budget prévu est respecté pour le moment.

Le remplacement des 3,8 millions de compteurs d'électricité par des outils de mesure plus performants coûtera 1 milliard et devrait générer des économies de 80 millions par année, une fois complété en 2018.

Depuis son annonce, le projet s'est heurté à une forte opposition de plusieurs sources. Les quelque 800 releveurs de compteurs ont d'abord tenté de bloquer l'opération, même si leur employeur s'est engagé à ne pas faire de mises à pied dans leurs rangs.

Frais importants

Des groupes de citoyens inquiets de l'effet sur la santé des radiofréquences émises par les nouveaux compteurs ont aussi tenté de convaincre la Régie de l'énergie de s'opposer au projet d'Hydro, mais en vain. Tout ce qu'ils ont obtenu, c'est la possibilité de refuser le nouveau compteur en payant des frais importants.

La Régie a statué qu'il s'agit d'un bon projet qui permettra à Hydro d'augmenter son efficacité et de faire des économies, à condition qu'il n'y ait pas de dépassement de coûts.

Partout au Québec, plusieurs groupes de citoyens réunis sous la bannière «Refuse» ont continué le combat. Certains d'entre eux ont obtenu que leurs élus municipaux adoptent une résolution pour exiger un moratoire sur le projet de remplacement des compteurs. C'est le cas notamment à Deux-Montagnes, où le conseil municipal vient d'adopter à l'unanimité une résolution demandant à Hydro un moratoire de trois mois sur l'installation de compteurs sur leur territoire.

Cette nouvelle forme de résistance n'a pas ébranlé la société d'État. « Hydro-Québec n'est pas assujettie à la réglementation municipale », explique son porte-parole.

Même une résolution unanime de l'Assemblée nationale demandant à Hydro de revenir sur sa décision de faire payer des frais à ceux qui ne veulent pas des nouveaux compteurs n'a pas eu de suite.

Les clients d'Hydro qui refusent les compteurs de nouvelle génération doivent débourser 98 $ pour l'installation d'un compteur non communicant et payer ensuite 206$ par année pour la relève.

Jusqu'à maintenant, Hydro a installé 1571 compteurs non communicants dans la grande région de Montréal, ce qui correspond à un taux de refus de moins de 1 %.

Un suivi serré

La Régie de l'énergie a demandé à Hydro-Québec de lui fournir un suivi trimestriel de l'opération de remplacement des compteurs, pour prévenir les dépassements de coûts qui se sont souvent produits dans les grands projets de la société d'État. Le premier de ces rapports fournis par Hydro fait état de 99 plaintes de clients qui ont reçu un nouveau compteur, la plupart reliées au service reçu lors de l'installation. Le deuxième rapport de suivi est attendu au début d'octobre.

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Intelligents ou pas

Les nouveaux compteurs d'Hydro-Québec ne sont pas vraiment des compteurs intelligents, puisqu'ils ne mesurent que la consommation d'électricité et ne permettent pas de la gérer de façon interactive, comme le font les compteurs intelligents.

Au terme d'un appel d'offres, Hydro a ignoré le seul fournisseur québécois de système de mesurage avancé. Les nouveaux compteurs sont fabriqués au Mexique par la firme Landis+Gyr, dont le siège social est en Suisse.

Une opération rapide

L'opération de remplacement d'un compteur ne prend que quelques minutes. Hydro a confié une partie de la tâche à un sous-traitant, CapGemini, qui a actuellement 200 installateurs à pied d'oeuvre. Il s'agit de travailleurs non qualifiés, qui n'ont besoin que d'un diplôme de secondaire V et d'une formation de trois semaines avant de se lancer sur le terrain. La Corporation des maîtres électriciens du Québec s'en est plainte à la Régie du bâtiment, parce qu'elle estime qu'il s'agit d'un travail dangereux qui comporte des risques et qui devrait être réservé à ses membres.

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EN CHIFFRES

3,8 MILLIONS 

Nombre total de compteurs électriques à remplacer.

1 MILLIARD 

Coût estimé de l'opération.

1,7 MILLION 

Nombre de compteurs à remplacer à Montréal et dans ses banlieues au cours de la première étape (2013-2014). Coût estimé: 440 millions.

2,1 MILLIONS 

Nombre de compteurs à remplacer dans le reste du Québec au cours des deuxième et troisième étapes, soit d'ici 2018.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Des groupes de citoyens inquiets de l'effet sur la santé des radiofréquences émises par les nouveaux compteurs d'Hydro-Québec se sont opposés au projet. Ils ont obtenu la possibilité de refuser le nouveau compteur, mais en payant des frais importants.