Le cours de l'or flirte avec les 1400$ l'once à Londres depuis plusieurs jours, se montrant peu sensible à la grève initiée par le principal syndicat sud-africain des mines d'or qui réclame d'importantes augmentations de salaire.

L'once d'or avait atteint mercredi dernier son plus haut depuis le 14 mai à 1433,83$ l'once, avant de glisser au fil des jours sous le seuil des 1400$ pour ressortir à 1392,25$ l'once au fixage de lundi soir et à 1399,50$ à celui de mardi. Mercredi en milieu de journée, il s'échangeait à 1403,75$ l'once.

«Jusqu'à présent, le prix de l'or se maintient plutôt bien malgré de meilleures statistiques économiques et un dollar plus ferme», ont relevé les analystes de Commerzbank. «Il est soutenu à la fois par les incertitudes au niveau géopolitique et par les investisseurs qui ont récemment fortement accru leurs paris sur une hausse», ont-ils poursuivi, estimant que la grève des mineurs en Afrique du Sud pouvait éventuellement lui apporter un soutien «au moins psychologique».

«Ceci dit, nous estimons que le potentiel de l'or à court terme a été totalement exploité pour l'instant», ont-ils relevé.

Les mines d'or sud-africaines, autrefois première source de richesse du pays et secteur toujours crucial de l'économie, étaient paralysées mercredi par une grève pour les salaires, au lendemain de l'échec de négociations entre patronat et syndicats. Le NUM, syndicat historique des mines qui affirme fédérer presque les deux tiers des 140 000 employés du secteur aurifère, réclame 60% d'augmentation, quand la chambre des mines propose 6,5%.

Du côté de Barclays, on s'attendait à ce que la grève puisse éventuellement engendrer une «tension sur les coûts marginaux de production de certaines mines», sans y voir pour autant d'effet sur les cours du précieux métal jaune.

La légère remontée du cours mercredi s'explique, selon VTB Capital, par ce mouvement social qui a porte le prix de l'or, du palladium et du platine, mais surtout par le regain de tensions au niveau géopolitique, avec l'éventualité de frappes en Syrie qui semble se dessiner de plus en plus clairement.

Le président américain Barack Obama a notamment engrangé mardi les soutiens de hauts responsables républicains et s'est dit confiant sur les chances de passage d'une résolution autorisant le recours à la force contre la Syrie. Il souhaite obtenir le feu vert du Congrès, en vacances jusqu'au 9 septembre, sur le principe d'une action «limitée».

«Le rôle traditionnel de l'or comme valeur refuge devrait normalement entraîner une hausse des prix en parallèle des inquiétudes sur la situation politique au niveau international et, même si la probabilité de frappes américaines semble moins imminente, toute information en connexion avec ce conflit produira des agitations sur le marché», a expliqué VTB Capital.

Pour David Govett, responsable de l'activité métaux précieux chez Marex Spectron, «il n'y en a que pour la Syrie en ce moment», rappelant la brève escapade du cours de l'or au-dessus de 1400$ mardi matin lorsque la Russie a annoncé avoir détecté des tirs de missiles dans la Méditerranée. Tirs qui se sont révélés être des exercices israélo-américains.

L'annonce du soutien des responsables républicains américains au projet de Barack Obama, a fait grimper un peu plus tard le métal précieux à 1415$, avant de redescendre au fil des heures.