Les mines d'or sud-africaines devraient être touchées par des grèves à partir de mardi, le principal syndicat du secteur ayant appelé ses membres à cesser le travail alors que la saison des négociations salariales voit les conflits sociaux se multiplier en Afrique du Sud.

«Les employeurs doivent nous donner des augmentations importantes, c'est le fruit de notre travail. Sinon, ils peuvent aller danser», a déclaré le porte-parole du Syndicat national des mineurs (NUM), Lesiba Seshoka.

Le NUM a qualifié de «plaisanterie» l'offre d'une augmentation de 6,5% mise sur la table par la Chambre des mines, qui représente les producteurs d'or (AngloGold Ashanti, Gold Fields, Rand Uranium, Harmony Gold, Evander Gold, Sibanye Gold, et Village Main Reef), en déposant son préavis de grève pour mardi soir.

Plus de 140 000 mineurs travaillent dans ce secteur. Le NUM, proche du pouvoir, demande des augmentations allant jusqu'à 60%, tandis que son concurrent radical Amcu exige 150%.

Le préavis de grève n'est pas étranger aux fortes rivalités syndicales.

Représentant encore près des deux tiers des salariés dans les mines d'or, le NUM, accusé par une partie de la base d'être trop mou et corrompu, se doit d'obtenir quelque chose et de montrer sa capacité à mobiliser s'il veut conserver sa position dominante face au syndicat plus récent Amcu.

Ce dernier s'est durablement installé dans le paysage social en obtenant de fortes augmentations par des grèves sauvages dans les mines de platine l'an dernier.

«Les employeurs restent ouverts à la négociation avec tous les syndicats», a tenu à préciser la Chambre des mines. Elle n'a que peu augmenté son offre, qui correspond peu ou prou à l'inflation en Afrique du Sud, depuis le début de la négociation en juillet.

Confrontés à une forte hausse de leurs coûts de production --notamment des tarifs de l'électricité--, les patrons des mines d'or sont d'autant moins enclins à céder qu'ils ont été très affectés par la vague de grèves sauvages du second semestre 2012 qui leur ont fait perdre beaucoup d'argent.

Et ce, quand bien même une bonne partie des mineurs estiment avoir droit à des conditions salariales meilleures pour faire vivre plusieurs familles élargies.

Depuis la découverte des premières mines d'or à Johannesburg en 1886, l'Afrique du Sud a été le premier producteur mondial de métal jaune jusqu'en 2007, payant des salaires de misère, mais elle n'est plus qu'à la cinquième place aujourd'hui. Son sous-sol contient 13% des réserves mondiales, dont les filons sont désormais moins accessibles.

Le secteur du platine, qui emploie environ 200 000 personnes et a été le théâtre de graves débordements de violence en 2012, offre parallèlement un test intéressant de la volonté des syndicats d'aller, ou pas, au conflit.

Pour calmer le jeu, le géant Anglo American Platinum (Amplats), premier producteur mondial, a réduit un plan social programmé depuis janvier en ramenant le nombre de suppressions de postes à 3.300, après des consultations avec les syndicats et le gouvernement.

Le groupe avait d'abord annoncé 14 000 licenciements, puis 6900. Les syndicats, dont le NUM, exigeaient qu'il n'y ait aucune suppression d'emplois. Le PDG d'Amplats Chris Griffith a appelé vendredi «à la paix».

L'hiver austral, de juin à août, est traditionnellement l'époque des grandes grèves en Afrique du Sud, car c'est la période des négociations salariales.

Un peu plus de 30 000 travailleurs de l'automobile sont ainsi en grève depuis près de deux semaines, paralysant la production nationale. Lundi, ce sont 90 000 employés des BTP et un millier de techniciens de la compagnie nationale South African Airways (SAA) qui ont cessé le travail --sans perturbations notables dans ce dernier cas.

Quelque 72 000 employés des garages sud-africains, pompistes et mécaniciens notamment, sont maintenant appelés à la grève à partir de la semaine prochaine.

Le gouvernement sud-africain a appelé les travailleurs à «exercer leur droit de grève de façon non violente» craignant des violences entre syndicats rivaux ou envers les non grévistes, habituelles dans le pays. Les syndicats qui ont appelé aux grèves du moment, NUM, Numsa et Satawu, font tous partie de la confédération Cosatu, alliée de l'ANC, le parti au pouvoir.