Les prix du pétrole montaient résolument jeudi en cours d'échanges européens, dopés par la recrudescence des tensions en Égypte, pays au coeur de l'acheminement du brut d'Afrique du Nord et de la région du Golfe.

Vers 6h00 le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre, dont c'est le dernier jour d'utilisation comme contrat de référence, valait 111,26$ US sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 1,06$ US par rapport à la clôture de mercredi. Plus tôt ce matin, le Brent a atteint son plus haut niveau depuis début avril, à 111,53$ US le baril.

Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance gagnait 99 cents US, à 107,84$ US.

«Le Brent est monté à un plus haut en quatre mois et demi», le marché pétrolier étant «influencé par les évènements en Afrique du Nord et au Moyen-Orient», expliquaient les analystes de Commerzbank.

La situation s'est gravement détériorée en Égypte ces derniers jours. Selon le dernier bilan officiel, plus de 460 personnes sont mortes mercredi, notamment lors de la dispersion des manifestants pro-Morsi au Caire.

Après que les violences ont rapidement gagné l'ensemble du pays, un couvre-feu nocturne a été décrété dans la moitié du pays et l'état d'urgence a été déclaré pour un mois.

Face aux violences meurtrières, le prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei, qui avait apporté sa caution morale à la destitution de M. Morsi le 3 juillet par les militaires, a démissionné de son poste de vice-président, mettant au jour les profondes divisions au sein des autorités de transition installées par l'armée.

Pour les analystes de Commerzbank, ces violences rendent «impossible le retour à une situation plus pacifique dans ce pays, qui joue un rôle majeur dans la stabilité de la région tout entière».

L'Égypte n'exporte que très peu de pétrole mais dispose, en plus du canal de Suez, d'un important réseau d'oléoducs et se situe ainsi au coeur de l'acheminement du brut d'Afrique du Nord et de la région du Golfe.

«Il y a de plus les problèmes persistants en Libye, où le gouvernement a dû revoir à la baisse sa production de pétrole», en raison de mouvements de protestations répétés observés par le personnel sur certains sites et terminaux pétroliers, ajoutaient les analystes de Commerzbank.

La Libye produit actuellement environ 700 000 barils par jour selon les déclarations du ministre libyen du pétrole mardi, bien moins que les 1,6 million de barils pompés avant l'intervention occidentale ayant mis fin au règne de Mouammar Kadhafi, il a près de deux ans.