Les cours du pétrole coté à New York ont reculé vendredi, fragilisés par la crainte d'une baisse de la demande en provenance de Chine, le deuxième consommateur mondial d'or noir.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en septembre a perdu 79 cents, à 104,70 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

Sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a terminé à 107,17 dollars, en baisse de 48 cents par rapport à la clôture de jeudi.

Le marché pétrolier «réagit négativement à la décision prise par la Chine de réduire les capacités industrielles excédentaires de nombreux secteurs, dernier signe en date de sa volonté de faire évoluer son économie vers un modèle plus durable mais à la croissance plus lente», a remarqué Tim Evans, de Citi.

Pékin a de fait demandé aux entreprises de quelque 19 secteurs, dont celui du ciment ou de l'acier, de réduire leur capacité de production.

Au total, ce sont quelque 1.300 groupes qui devront, sur ordre du ministère chinois de l'Industrie, fermer leurs unités de production les plus anciennes d'ici à septembre et éliminer leurs capacités de production excédentaires d'ici à la fin de l'année.

Cette mesure prise par Pékin fait suite à plusieurs signes reflétant un ralentissement de la croissance dans le pays.

Or «de la même façon que l'Arabie saoudite est un pays clé en ce qui concerne la production, la Chine est un pays clé pour la demande, pour estimer les perspectives de consommation au niveau mondial», a rappelé John Kilduff, d'Again Capital.

«Même si c'est peut-être une bonne décision à moyen terme pour l'économie chinoise, son impact immédiat sur la demande énergétique encourage aujourd'hui les investisseurs à vendre», a renchéri Matt Smith de Schneider Electric.

La mesure proposée par Pékin relègue au second plan, selon lui, les inquiétudes géopolitiques liées à la situation au Moyen-Orient, importante zone de production de brut.

Les risques de troubles sont pourtant très élevés, au lendemain de l'assassinat d'un opposant en Tunisie, où avait démarré le Printemps arabe en 2010, et alors que les manifestations en Égypte ont de nouveau rassemblé des dizaines de milliers d'habitants.

La persistance de ces tensions est aussi la raison pour laquelle les prix ne reculent pas plus brusquement, selon Carl Larry de Oil Outlooks and Opinion.

Le cours du baril de brut a en effet grimpé de dix dollars en un mois «et semble se trouver, autour de 105 dollars, dans une zone de confort», a-t-il remarqué.

Pour l'analyste, les prix ne devraient pas non plus monter énergiquement, car au moment où la conjoncture chinoise assombrit les perspectives de demande mondiale de brut, la production américaine ne cesse d'augmenter.

Selon le département américain de l'Énergie, les États-Unis ont pompé 7,55 millions de barils par jour la semaine terminée le 19 juillet, soit le plus haut niveau depuis fin 1990.

Or, «comme les États-Unis sont devenus un exportateur important de produits raffinés, on dépend désormais aussi de la demande des autres pays», a remarqué Carl Larry, de Oil Outlooks and Opinion.