La production américaine de gaz et de pétrole a connu une croissance record en 2012 grâce aux hydrocarbures non conventionnels, dans un monde où les équilibres énergétiques sont bouleversés, selon le rapport annuel sur l'énergie publié mercredi par le groupe pétrolier britannique BP.

«Les États-Unis ont enregistré la plus forte hausse de production de pétrole et de gaz en 2012, grâce à la progression de la production d'hydrocarbures non conventionnels comme le pétrole dit 'compact' (tight oil)», ou le gaz de schiste, a indiqué BP, dans la 62e édition de ce rapport considéré comme une référence.

Selon BP, la production américaine de pétrole a ainsi progressé de 1 million de barils par jour (mbj) tandis que celle de gaz a bondi de 4,7% l'année dernière.

Les États-Unis sont toujours le premier producteur mondial de gaz et pourraient devenir le numéro un du pétrole en 2017, selon les projections de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui base également son argumentation sur l'essor de l'extraction des réserves non conventionnelles.

Cette montée en puissance des États-Unis est symptomatique des bouleversements que connaît actuellement le secteur de l'énergie au niveau mondial.

«Les défis pour l'industrie de l'énergie ont trait à la façon dont nous devons répondre aux grands changements que nous voyons: un déplacement de la demande vers les pays émergents et un déplacement de la production vers une plus grande diversité des sources d'énergie», a déclaré Bob Dudley, le directeur général de BP, cité dans le communiqué.

Les pays émergents représentent déjà plus de la moitié de la consommation mondiale d'énergie (56%) et sont l'unique source de croissance de la demande mondiale qui n'a progressé que de 1,8% en 2012, «bien en deçà de la moyenne sur 10 ans de 2,6%», a noté BP.

La consommation d'énergie des pays industrialisés regroupés dans l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) s'est ainsi contractée de 1,2% en 2012 alors que celle des pays non-OCDE grimpait de 4,2% - une croissance alimentée à 90% par la Chine et l'Inde.

Autre chambardement relevé par BP: «la diversité croissante des sources d'énergie».

Pour la treizième année consécutive, le pétrole a vu sa part de marché reculer, ne représentant plus que 33,1% de la consommation mondiale d'énergie en 2012, la plus faible proportion enregistrée par BP depuis que le groupe a commencé à réunir ces données en 1965.

L'énergie nucléaire a également reculé, pour ne représenter que 4,5% de la consommation mondiale d'énergie en 2012, sa plus faible part depuis 1984, selon BP.

A contrario, le charbon a atteint en 2012 sa plus grande proportion de la consommation mondiale d'énergie depuis 1970 à 29,9%, et ce malgré la chute de la consommation de charbon aux États-Unis, où il est évincé par la hausse de la production de gaz naturel.

Cela s'explique par la tendance inverse en Europe, tandis que la Chine continue de consommer énormément de charbon.

«En Europe, où les prix du gaz ont été plus élevés qu'aux États-Unis, la production d'énergie a pris le sens inverse par rapport aux États-Unis, substituant le gaz par le charbon», a expliqué BP.