Les compressions budgétaires chez Hydro-Québec affectent certaines régions plus que d'autres.

De 2010 à 2012, le nombre d'employés d'Hydro a reculé de 20,7% en Estrie, de 15,3% dans le Centre-du-Québec, de 14,7% à Laval, de 14,2% dans Chaudière-Appalaches, de 10,7% dans la région Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine et de 10,3% dans le Bas-Saint-Laurent.

Les baisses dans ces régions sont plus marquées que la diminution de 6,5% de l'effectif total d'Hydro-Québec pendant la même période. Au 31 décembre 2012, la société d'État employait 21 596 personnes, soit moins qu'à la fin de 2002.

Le nombre d'employés a diminué de 6,4% à Montréal, de 3,0% à Québec et de 1,9% en Mauricie. Il a légèrement augmenté dans Lanaudière et sur la Côte-Nord, où le vaste complexe hydroélectrique La Romaine est en construction.

Depuis l'an dernier, les gestionnaires du réseau de distribution de tout l'est de la province travaillent à Québec, a confirmé hier Louis-Olivier Batty, porte-parole de la société d'État. De plus, les employés du service des ressources humaines sont désormais regroupés dans sept villes, de sorte qu'il n'y en a plus dans certaines régions comme la Gaspésie.

M. Batty note toutefois qu'en dépit des suppressions de postes, la proportion des employés travaillant ailleurs qu'à Montréal est restée la même au cours des deux dernières années: 59%.

Quoi qu'il en soit, la qualité des postes s'est détériorée dans les régions, déplore Yannick Proulx, du Syndicat canadien de la fonction publique.

«Il n'y a pas beaucoup de postes permanents affichés, affirme-t-il. Quand il y a des besoins, c'est souvent comblé par du personnel temporaire. On a aussi perdu beaucoup de postes de direction en région.»

Louis-Olivier Batty rappelle qu'Hydro doit «offrir le meilleur service au meilleur coût possible».

«Les efforts d'efficience touchent l'ensemble de l'entreprise, dit-il. Les ajustements organisationnels reflètent notamment les opportunités offertes par les départs à la retraite tout en tenant compte des besoins de l'entreprise pour assurer un service de qualité.»

Situation délicate pour le PQ

La situation est délicate pour le gouvernement péquiste, qui souffle le chaud et le froid dans ce dossier. Dans son budget, le ministre Nicolas Marceau a annoncé la suppression de 2000 postes à Hydro: une moitié en 2012 et l'autre cette année.

Or, pendant la dernière campagne électorale, Stéphane Bédard, aujourd'hui président du Conseil du Trésor, a dit vouloir obliger Hydro-Québec à «accroître sa présence» dans les régions. Le ministre n'était pas disponible pour une entrevue hier.

«C'est sûr que ça doit être compliqué quand on se fait demander d'un bord de couper 2000 postes et de l'autre bord de ne pas toucher aux régions, lance Yannick Proulx. Mais il ne faut pas oublier que certaines régions ont été passablement amochées ces dernières années. On ne peut pas continuer avec une formule unique à la grandeur du Québec qui revient à passer le rouleau compresseur.»

Selon M. Proulx, la diminution du nombre de salariés contraint Hydro à recourir davantage à la sous-traitance, ce que nie l'entreprise.

Dons et commandites en baisse

Par ailleurs, les dons et commandites qu'Hydro-Québec verse à des organismes à but non lucratif diminuent de façon constante depuis 2008. L'an dernier, la société d'État a consacré 17,7 millions à ce poste budgétaire. C'est 31,7% de moins que les 25,9 millions versés en 2008.

Louis-Olivier Batty a avancé deux motifs pour expliquer cette baisse: une gestion plus serrée des dépenses et l'adoption, en 2009, d'une politique plus stricte d'octroi des dons et commandites.

Rappelons qu'un scandale avait éclaté lorsqu'Hydro avait voulu venir en aide à deux écoles privées où a étudié le PDG de la société, Thierry Vandal.