À 32 ans seulement, le Trifluvien Stéphane Leblanc a bâti sa carrière en achetant et revendant des milliers de «claims» miniers au Québec, sans jamais effectuer le moindre forage. M. Leblanc franchit aujourd'hui le Rubicon et lance en Bourse une nouvelle société d'exploration minière, même si le marché est au plus mal.

«Actuellement, tout le monde a peur dans le marché, convient-il. Ça nous motive encore plus», dit-il en parlant de Canadian Metals, une société qu'il a lancée avec des partenaires et qui effectuera sous peu son premier appel public à l'épargne.

En entrevue, Stéphane Leblanc démontre une pleine assurance, qu'il tire sans doute de ses 12 ans d'expérience dans l'industrie minière.

Jusqu'à aujourd'hui, il est surtout resté dans l'antichambre de l'industrie, en achetant sur internet des titres miniers québécois (claims), et en les revendant à des sociétés d'exploration.

C'est dans le boom minier, entre 2009 et 2011, que l'activité s'est révélée la plus profitable. En 2011, son partenaire Glenn Griesbach - géologue reconnu - et lui ont encaissé des revenus de 12 millions en argent et en actions, alors que leurs dépenses étaient minimales.

M. Leblanc compte plusieurs milliers de titres miniers dans son portefeuille, qui touchent toute une variété de substances minérales partout au Québec, de l'or aux terres rares en passant par le graphite ou le diamant. Son travail l'occupe à temps plein. «Ça m'oblige à être chaque jour devant l'ordinateur à suivre la date d'expiration des claims qui m'intéressent», dit-il.

Estimateur en construction, mais entrepreneur dans l'âme, il a eu son premier contact avec l'industrie minière québécoise au tournant des années 2000 lors d'un voyage... au Mali.

«J'avais l'intention d'importer des produits chinois au Mali, raconte-t-il. Je voyais tout le potentiel de l'Afrique. On me disait que je devrais me lancer dans l'or.»

Au fil des rencontres, il a croisé là-bas un prospecteur de Val-d'Or, qui lui a vendu ses premiers claims.. en Abitibi. Il a effectué sa première transaction de vente avec Ressources Pershimco.

Chaque claim coûte une cinquantaine de dollars et donne à son propriétaire un endroit exclusif d'exploration pour une période de deux ans.

«Mais on réussit à revendre presque tous les claims avant l'expiration», soutient M. Leblanc. Pour sélectionner puis promouvoir ses propriétés, il repère les indices métalliques recensés par le ministère des Ressources naturelles, recherche les données historiques, et fait préparer des rapports géologiques et des cartes par des spécialistes.

Une seule transaction pour quelques centaines de claims peut lui rapporter jusqu'à un demi-million en argent et en actions, pour des dépenses de peut-être 50 000$. Si bien qu'il se retrouve aujourd'hui actionnaire d'une série de sociétés juniors, et détient des redevances sur la production éventuelle d'une centaine de propriétés.

Une société d'exploration

Suivant les recommandations de courtiers et de fonds spécialisés, M. Leblanc a décidé de contribuer directement au développement de l'une de ses propriétés aurifères, à l'ouest de Matagami, et à l'est de la nouvelle mine ontarienne de Detour Gold, la plus importante mine d'or canadienne.

La société Canadian Metals a été créée pour l'occasion avec David Vincent, anciennement de Ditem Exploration, qui en sera le président. M. Leblanc sera vice-président au développement des affaires.

La société a déjà amassé 400 000$ de sources privées, mais veut aller chercher entre 600 000$ et 1,6 million supplémentaires dans le cadre d'un appel public à l'épargne - le prospectus a été déposé mercredi.

Le président David Vincent multipliera les rencontres en marge du congrès de l'Association des prospecteurs et entrepreneurs miniers du Canada, qui s'ouvre dimanche à Toronto, afin de convaincre les investisseurs de miser sur Canadian Metals.