La petite boîte de Québec CO2 Solutions (V.CST) vient d'éveiller l'intérêt de joueurs comme BP, Chevron, Shell et Suncor pour sa technologie susceptible de rendre l'exploitation des sables bitumineux moins polluante.

Dans ce qui représente la plus importante démonstration d'intérêt commerciale de son histoire, CO2 Solutions a signé un contrat avec un consortium de pétrolières concernant le projet pilote qu'elle compte lancer dans l'Ouest canadien.

Selon l'entente signée, les entreprises BP, Chevron, Eni, Petrobas, Shell et Suncor auront accès aux données et rapports de CO2 Solutions sur son projet pilote visant à capter le carbone émanant de l'extraction des sables bitumineux. Le montant du contrat n'a pas été dévoilé.

« Depuis un an, on a décidé de miser sur le secteur des sables bitumineux, et on sent que ça commence à porter ses fruits », a dit à La Presse Affaires le président de CO2 Solutions, Glenn Kelly.

Les investisseurs ont cependant réagi très froidement à la nouvelle. Le titre a perdu 1,5 cents pour clôturer à 10,5 cents hier, un perte de 12,5%.

CO2 Solutions utilise l'anhydrase carbonique, un enzyme qui permet aux êtres vivants d'éliminer le gaz carbonique, pour améliorer les techniques classiques de capture du CO2 et en diminuer les coûts.

Dans le cas des sables bitumineux, CO2 Solutions testera ses idées dans ses laboratoires de Québec et dans des installations des Pays-Bas avant de les installer sur une véritable unité de production de sables bitumineux à Fort McMurray. Le projet pilote est d'une durée totale de deux ans.

CO2 Solutions avait reçu 500 000$ d'un organisme albertain en octobre pour son projet de sables bitumineux, une somme qui avait été suivie en janvier dernier d'un investissement de 4,7 millions du gouvernement fédéral.

Fondée en 2000, l'entreprise avait d'abord concentré ses efforts sur le marché des centrales au charbon, avant de mettre la priorité sur l'industrie des sables bitumineux, celle qui voit croître ses émissions de gaz à effet de serre le plus rapidement.

« Les producteurs canadiens de sables bitumineux ont de la difficulté à exporter aux Etats-Unis, et on sait que l'Europe est en train d'établir un standard environnemental pour évaluer les différents pétroles. Tout ça pousse l'industrie, qui en fait déjà beaucoup pour diminuer son impact environnemental, à en faire encore plus, et c'est positif pour nos solutions », dit M. Kelly.

CO2 Solutions n'a toujours pas atteint le point de rentabilité. M. Kelly croit que si le projet pilote lié aux sables bitumineux s'avère concluant, les profits pourraient être au rendez-vous peu de temps après, soit en 2015.