Un automne ensoleillé a permis aux producteurs de fer de compenser un été déprimant. Le prix du fer a rebondi de plus de 50% depuis le creux du début du mois de septembre, donnant une nouvelle énergie aux actions des trois géants (BHP Billiton, Rio Tinto et Vale) qui dominent la production mondiale.

Plombé par un ralentissement de la demande pour l'acier en Chine, le prix du fer (concentré à 62% livré au port de Tianjin) avait chuté de 150$US la tonne en avril à 87$US en septembre. Il a par la suite entamé une remontée qui s'est accélérée en décembre jusqu'à atteindre environ 135$US la tonne à Noël.

La demande des aciéries chinoises, qui accaparent la plus grande partie du fer mondial, a repris de la vigueur. Tant et si bien que les stocks de fer ont atteint leur plus bas niveau dans les ports de Chine depuis septembre 2010. Une situation renversée par rapport aux stocks excédentaires qui ont précédé la chute des prix au milieu de l'année.

À court terme, la phase de reconstruction des stocks devrait soutenir cette hausse de prix, observe la firme UBS. Deutsche Bank et Crédit Suisse s'attendent également à ce que les prix restent élevés au moins pendant le premier trimestre de 2013. «La Chine réaccélère ses dépenses d'infrastructures pour atteindre sa cible de 8% de croissance en 2013», observe Michael Shillaker, analyste de Crédit Suisse.

Le rattrapage des prix du fer a beaucoup profité aux trois grands joueurs qui produisent le tiers du fer sur la planète. À New York, les titres de BHP Billiton (BHP, 76,74$US) et Rio Tinto (RIO, 56,96$US) se rapprochent de leurs sommets des 12 derniers mois (82,23$US et 63,18$US, respectivement). Le titre de Vale (VALE, 20,42$US) est en hausse constante depuis le début du mois.

Attente pour les projets québécois

Par contre, la reprise boursière se fait attendre pour les plus petites sociétés qui développent des projets Québec et au Labrador, dans un contexte économique où les investisseurs fuient le risque. À la Bourse de Toronto, New Millenium Iron (NML, 1,12$), Champion Iron Mines (CHM) et Adriana Resources (ADI au TSX Croissance), qui développement tous des projets au Québec, ont perdu 65% de leur valeur depuis février.

Il faut dire que plusieurs analystes s'attendent à ce que l'embellie des prix du fer ne dure que quelques mois. Pour Daniel Brebner, de Deutsche Bank, les bases du marché sont moins solides au-delà de la seconde moitié de 2012.

À plus long terme, il existe aussi un risque de suroffre à partir du milieu de la décennie, alors que plusieurs projets mis en branle pendant la flambée des prix, dans les dernières années, entreront en production.

Jackie Przybylowski, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins, anticipe un prix d'environ 100$US la tonne après 2014. Dans un entretien avec La Presse Affaires cet été, elle expliquait qu'à un prix de 95$US la tonne, plusieurs projets québécois pourraient être retardés, voire annulés.

Un autre analyste, qui ne peut pas être nommé en raison de la politique de sa firme, soutient que le seuil de démarrage des nouveaux projets québécois est de 100$US la tonne. «Le coût de production est en dessous de 100$US la tonne», note-t-il. Mais selon lui, il faut un prix supérieur à cela pour intéresser les grandes sociétés qui investissent dans les gisements québécois à faible teneur.

Le prix du fer livré au port de Tianjin a déjà dépassé les 190$US la tonne à l'hiver 2011.