Le pétrole a terminé la séance en net recul vendredi à New York, les investisseurs s'inquiétant de l'apparente impasse des négociations sur le budget des États-Unis, qui pourrait déclencher une cure d'austérité forcée néfaste à la demande énergétique.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en février a perdu 1,47$, à 88,66$, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

Après des jours d'optimisme sur un possible compromis budgétaire, les investisseurs ont été refroidis par l'incapacité des républicains du Congrès à s'accorder sur leur propre «plan de secours».

Leur chef de file, John Boehner, a dû renoncer jeudi soir à soumettre à la Chambre des représentants une proposition de loi qui supprimerait des avantages fiscaux pour les foyers les plus aisés, nombre d'élus de son propre parti refusant par principe toute augmentation des impôts.

Cela laisse augurer de négociations difficiles avec les démocrates, qui souhaitent, eux, accroître l'imposition des ménages disposant de revenus supérieurs à 400 000$.

Aussi les courtiers s'inquiètent-ils «de la possibilité que le pays se heurte vraiment au mur budgétaire», un ensemble de coupes drastiques dans les dépenses et de hausses d'impôt qui entreraient en vigueur début 2013 faute d'accord d'ici à la fin de l'année, a souligné M. Yawger.

Cela risquerait de faire tomber en récession une économie encore fragile et de plomber la demande énergétique du pays, premier consommateur de brut de la planète.

Si dans les prochains jours les inquiétudes des investisseurs s'aggravent, «la Bourse pourrait chuter fortement» et emmener dans son sillage l'ensemble des marchés, selon l'analyste.

Déjà le billet vert, considéré comme une valeur refuge, se renforce face aux autres devises, ce qui rend moins attractifs les achats de bruts libellés en dollars pour les investisseurs munis d'autres monnaies.

Sans appétit des investisseurs pour les actifs risqués comme les matières premières, «les marchés du pétrole sont plus dépendants de leurs propres fondamentaux» et ces derniers «ne sont pas vraiment solides», a remarqué Timothy Evans de Citi.

L'analyste met notamment en avant le fait que les réserves de brut aux États-Unis s'établissent actuellement à 371,6 millions de barils, soit 14,9% de plus qu'il y a un an.

Ces développements «ont complètement occulté des données par ailleurs plutôt bonnes», a remarqué M. Yawger.

La consommation des ménages a notamment rebondi en novembre, de 0,4% en rythme annualisé, soutenue par une une forte progression des revenus des Américains (+0,6%).