Malgré ses énormes surplus, Hydro-Québec compte encore cette année sur des achats d'électricité auprès des réseaux voisins et des grandes entreprises québécoises pour passer l'hiver.

En cas de conditions extrêmes, Hydro estime que sa marge de manoeuvre, soit la différence entre la demande totale d'électricité et ce que son réseau pourrait fournir, ne serait que de 716 mégawatts ou 1,9%, révèle le rapport que la société d'État soumet chaque année au Northeast Power Coordinating Council (NPCC).

L'organisme américain, qui coordonne les réseaux électriques de tout le Nord-Est du continent, recense pour cette année des marges de manoeuvre variant entre un minimum de 1,9% (au Québec) et un maximum de 40,5% (en Ontario), où l'électricité sert moins au chauffage.

Cette année, Hydro-Québec se dit capable de fournir 467 mégawatts de plus que l'an dernier. La capacité du réseau a augmenté avec la mise en service de projets éoliens (760 mégawatts) et d'une partie de la centrale hydroélectrique La Sarcelle (100 mégawatts), ce qui compense en partie la fermeture de Gentilly-2 (675 mégawatts), le 28 décembre prochain.

Hydro a aussi mis définitivement au rancart ses centrales de Tracy, et La Citière, qui servaient uniquement à satisfaire la demande hivernale. Tout compte fait, sa marge de manoeuvre en cas de conditions extrêmes demeure inchangée, soit 1,9% comparativement à 1,8% l'hiver dernier.

La société d'État s'attend à un hiver plus normal que le précédent, qui a été exceptionnellement doux. L'hiver 2011-2012 a été le deuxième plus chaud au Québec depuis 1942, avec des températures moyennes de 3,4 degrés Celsius supérieures à la normale.

Cette année, la pointe hivernale devrait être de 1,05% plus élevée que celle prévue l'an dernier. Ce sont 390 mégawatts de plus, pour un total de 37 697 mégawatts. Le réseau d'Hydro peut offrir environ 43 000 mégawatts, mais une série de contingences qui doivent être prises en compte vient réduire la marge de manoeuvre à 716 mégawatts.

Le gaz à la rescousse

Pour satisfaire cette demande hivernale qui met son réseau à rude épreuve, Hydro prévoit acheter cette année jusqu'à 600 mégawatts sur les marchés. Elle compte aussi sur 1830 mégawatts qui peuvent lui être fournis sur demande par les grandes entreprises comme les alumineries et les fabricants de pâtes et papiers.

Une réduction de la tension du réseau et un appel à la réduction de la consommation sont aussi prévus si les mesures précédentes ne suffisent pas.

L'an dernier, aucune des ces mesures n'a été nécessaire. C'est le 16 janvier 2012, à 8h, que la demande d'électricité a atteint son sommet, à 37 153 mégawatts. La température était alors de -18 °C à Montréal.

Pendant l'hiver, soit entre novembre et mars, Hydro s'attend ce que la demande varie entre 30 700 et 37 697 mégawatts.

À plus long terme, Hydro devra remplacer la puissance perdue avec la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2. Si elle avait été rénovée comme prévu, cette centrale aurait recommencé à alimenter le réseau d'Hydro en 2014 avec une capacité accrue, soit 700 mégawatts.

Dans un rapport séparé soumis au NPCC, Hydro indique qu'elle aura besoin de la centrale au gaz de Trans-Canada Energy pour l'hiver 2015-2016. Cette centrale d'une capacité de 547 mégawatts n'a jamais fonctionné depuis sa construction en 2008, mais coûte quand même cher à Hydro Québec, qui doit dédommager son propriétaire.

Hydro-Québec estime qu'il est plus économique d'acheter de l'électricité pendant quelques mois, l'hiver, plutôt que de prendre livraison à l'année de l'électricité que peut produire cette centrale, qui viendrait grossir ses surplus.

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Peu de marge de manoeuvre

43 000

Le nombre de mégawatts d'électricité disponible à Hydro-Québec.

716

La marge nette minimale en mégawatts ou 1,9%.

Source : Northeast Power Coordinating Council