Un laboratoire d'idées canadien a exhorté mardi le gouvernement conservateur de Stephen Harper à tenir une commission d'enquête publique sur ses liens avec le lobby pétrolier après avoir produit un rapport démontrant que ce dernier bénéficie de facilités d'accès aux ministres.

Sur l'année écoulée entre septembre 2011 et septembre 2012, les représentants des grandes sociétés pétrolières, des constructeurs d'oléoducs ou de la puissante Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP) ont eu 52 rencontres avec des ministres fédéraux, souligne l'Institut Polaris.

En tout, 791 réunions se sont tenues entre l'industrie d'une part, des ministres, des députés et sénateurs et des fonctionnaires d'autre part, relève l'étude intitulée «Comment le Canada devient un État pétrolier et comment les pétro-dollars corrompent la politique canadienne».

Le Canada possède les troisièmes réserves pétrolières du monde, derrière le Venezuela et l'Arabie Saoudite, sous la forme de sables bitumineux.

Leur exploitation, non-conventionnelle, s'est accélérée ces dernières années, bénéficiant d'avancées technologiques et du prix très élevé du baril de brut.

Alors que cette intense activité de lobbying était menée, Ottawa préparait une nouvelle loi adoptée en juin qui a notamment officialisé le retrait du Canada du protocole de Kyoto et modifié la réglementation entourant les activités des groupes pétroliers.

À l'inverse, seule une association environnementale -Greenpeace- a rencontré un membre du cabinet conservateur pendant cette période, souligne ce groupe marqué à gauche.

Ottawa a accusé l'Institut «d'induire en erreur le public».

«Si les membres de l'industrie (pétrolière) enregistrent chacune de leurs réunions au Commissariat au lobbying, dans beaucoup de cas ce n'est pas le cas des associations environnementales», a fait valoir à l'AFP un porte-parole du ministère des Ressources naturelles.

Pour mener son étude, l'Institut a en effet compilé les données enregistrées par le Commissariat au lobbying, une instance du Parlement qui oblige tous les groupes de pression démarchant le gouvernement à s'enregistrer auprès de lui.