Le Québec développe le nord de son territoire en y portant le même regard que celui des Européens sur l'Afrique à la fin du XIXe siècle. C'est ce qu'a déploré hier Michel Jébrak, professeur en géologie et ressources minérales à l'UQAM, dans un débat public sur l'avenir du Plan Nord. «On voit le Nord comme un territoire dont on peut profiter, mais il ne faut pas oublier qu'il y a des personnes sur place», a-t-il rappelé pendant l'événement tenu à l'UQAM hier soir.

«Nous n'avons pas développé les compétences des gens qui habitent le Nord, soutient M. Jébrak. On a créé des asymétries.» Il fait le parallèle avec l'Afrique, développée de loin depuis l'Europe sans participation des populations locales.

Selon le professeur, il faut absolument corriger cette lacune dans la poursuite de nos projets pour le Nord. Pour lui, il est urgent d'accroître les compétences techniques et le savoir des gens du Nord, notamment les autochtones, afin de favoriser une réelle «construction commune» sur le territoire nordique.

M. Jébrak raconte que dans une récente rencontre de scientifiques sur le thème du développement du Nord québécois, il n'y avait aucun participant du Nord. Il se désole aussi du trop faible nombre de géologues inuits.

Le professeur en appelle aujourd'hui à «l'empowerment» des populations nordiques. En d'autres mots, que ces populations puissent assurer par elles-mêmes leur pleine participation dans le développement de leur territoire. M. Jébrak ne croit pas que le Plan Nord du gouvernement libéral avait cette vision.

«Pourquoi ne pas créer une université autochtone, ou une université du Nord?» propose-t-il en guise de piste de solution.

M. Jébrak est également titulaire de la chaire en entrepreneuriat minier UQAT-UQAM.