Après le controversé sautage réalisé samedi à la mine d'Osisko, toutes les questions de cohabitation ne sont pas réglées à Malartic. La société n'a rappelé qu'une poignée des 150 employés contractuels mis à pied en attendant le sautage et elle demande que les normes de bruit soient abaissées avant de les rembaucher.

Quelque 18 mois après le début des activités, Osisko doit admettre qu'elle est incapable de respecter les normes de bruit convenues avec le gouvernement (moins de 45 décibels le jour et 40 décibels la nuit) pour sa mine collée sur la communauté de Malartic.

La société fait désormais pression auprès du ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP) pour faire passer les normes à 50 décibels le jour et 55 décibels la nuit.

Le cabinet du ministre de l'Environnement, Daniel Breton, avait convenu avec Osisko que cette question serait discutée après avoir réglé celle du sautage.

Les plaintes s'accumulent

Les plaintes de citoyens concernant le bruit s'accumulent par centaines depuis le début du projet. Le MDDEFP a constaté des infractions répétées grâce aux sonomètres installés dans la ville.

Au cours d'une visite de la mine Canadian Malartic, la semaine dernière, les dirigeants d'Osisko ont indiqué à La Presse Affaires que la société ne demandait pas de pouvoir faire plus de bruit, mais d'obtenir une réglementation plus réaliste.

«Les villes de Montréal et de Québec seraient toujours en défaillance avec des normes comme les nôtres», soutient le vice-président aux finances, Bryan Coates. Osisko a remis à La Presse un récent mémo technique produit par Genivar et Décibel Consultants qui montre que le niveau de bruit autour de l'hôpital Saint-Luc, à Montréal, atteint plus de 60 décibels la nuit.

250 000$ par camion

Les employés de la mine ont manifesté publiquement leur soutien à l'employeur la semaine dernière. «Le monde extérieur n'est pas conscient des efforts qu'on fait pour réduire le bruit», dit Robert Bouchard, contremaître de production.

Sur les énormes camions de 240 tonnes, les silencieux sont enveloppés d'une gaine coupe-son. Au fond de la benne de chaque camion est installé un tapis de caoutchouc pour absorber le son des tonnes de roc que les pelles mécaniques y déposent. Cela représente des coûts supplémentaires de 250 000$ pour chaque camion, qui vaut au bas mot 3,5 millions de dollars.

À l'hiver 2011, Osisko avait suspendu ses activités nocturnes pour ces mêmes problèmes de bruit. Elle avait finalement racheté une trentaine de maisons voisines de la mine pour construire un parc, pour lequel les normes de bruit sont moins contraignantes qu'un quartier résidentiel.

«Pour mettre de la pression, on joue dans les boîtes à lunch du monde», dénonce Jacques Saucier, du Comité de vigilance de Malartic, en référence aux mises à pied faites par Osisko, en 2011 ou dans les dernières semaines.

Osisko a fait son « sautage particulier » de 940 000 tonnes de roches samedi. Un premier sautage de 15 secondes a été suivi d'une pause de 20 minutes puis d'un autre sautage de 22 secondes. Des débris de roches ont été projetés vers la ville, à l'intérieur du périmètre de sécurité. Un nuage orange de dioxyde d'azote s'est formé au-dessus de la mine avant de se dissiper.