Ceux qui chauffent leur maison au gaz naturel apprécieront probablement davantage l'hiver cette année. Le prix du gaz naturel n'a pas été aussi bas depuis 10 ans, ce qui se traduira par une baisse de près de 4% de leur facture moyenne comparativement à l'an dernier.

Comme c'était le cas l'an dernier, le gaz est le combustible le moins cher pour chauffer une maison type de 160 mètres carrés. La facture totale est estimée à 883$ par Gaz Métro, soit 35$ de moins que l'an dernier.

C'est principalement en raison du gaz de schiste, dont l'abondance a fait diminuer les prix partout en Amérique du Nord.

Le prix de l'électricité a aussi légèrement baissé par rapport à l'an dernier, mais chauffer la même maison coûte 20% de plus qu'au gaz naturel, soit 1057$. De son côté, le mazout se vend actuellement à peu près au même prix que l'an dernier, autour d'un dollar le litre. La facture de chauffage reste la plus élevée des trois sources d'énergie, à 1549$.

Cette année, chauffer au mazout coûte 75% plus cher qu'au gaz naturel. Il s'agit d'un écart exceptionnel, estime Marc Campeau, président de l'Association québécoise du chauffage au mazout. «Le prix du gaz est au plus bas et le prix du mazout est au plus haut», souligne-t-il.

La part du mazout dans le marché de la chauffe a fondu comme neige au soleil au cours des dernières années au Québec. À plus de 80% dans les années 80, elle est maintenant de seulement 10%.

L'écart de prix actuel avec le gaz naturel et l'électricité n'aide pas l'industrie du mazout à garder ses clients, reconnaît son porte-parole.

«La concurrence est forte pour le mazout, convient également Sonia Marcotte, porte-parole de l'Association québécoise des indépendants du pétrole. Il ne faudrait pas que notre part de marché baisse encore».

L'industrie du mazout a besoin d'une masse critique pour continuer à servir sa clientèle, dit Marc Campeau. «D'année en année, on ferme des dépôts dans les régions. On a fermé celui de La Tuque, ce qui veut dire que les clients sont maintenant desservis à partir de Shawinigan. Plutôt que de livrer tous les jours, on livre tous les trois jours».

L'industrie doit garder ses clients et le Québec a besoin du mazout pour assurer sa sécurité énergétique, croit Sonia Marcotte. «C'est important d'avoir une diversité de sources d'énergie, on l'a vu lors de la crise du verglas. Il faut aussi penser aux régions, qui n'ont pas accès au gaz naturel».

La part de marché de 10% de l'industrie du mazout correspond à environ 326 000 clients, dont 126 000 utilisent la bi-énergie, soit l'électricité et le mazout.

Les consommateurs de gaz naturel profitent de prix exceptionnellement bas, mais ils ne sont pas nombreux: Gaz Métro a moins de 150 000 clients résidentiels. L'immense majorité des Québécois utilisent l'électricité pour chauffer leurs maisons.

Une telle répartition cause des problèmes à Hydro-Québec, dont le réseau ne suffit pas à la demande en hiver, malgré les surplus qui s'accumulent le reste de l'année.