Même s'il y a pu y avoir des imprévus, le ministère des Transports (MTQ) avait vraisemblablement sous-estimé les coûts de la construction de la route des monts Otish au moment de son annonce, à l'été 2011. C'est un rappel des difficultés de présenter des estimations de coûts fiables pour des projets de cette envergure.

«On construit dans un milieu nordique peu développé, soutient le porte-parole du MTQ, Guillaume Lavoie. Il est plus difficile d'arriver avec un degré de précision aussi élevé que dans les milieux urbains.» Selon lui, «les coûts vont fluctuer davantage que dans un chantier ordinaire».

Guy Doré, professeur au département de génie civil de l'Université Laval, rappelle que les estimations de coûts au kilomètre se basent sur des historiques. Or, l'historique pour la construction de routes nordiques n'est pas très étoffé.

«La route de la Baie-James date de 40 ans! explique M. Doré. Il n'y a pas de comparables récents.»

Sans se prononcer directement sur la route des monts Otish, le vice-doyen à la recherche de la faculté de l'aménagement de l'Université de Montréal, Paul Lewis, rappelle que ce cas est loin d'être unique.

«Rares sont les projets pour lesquels les estimations sont justes; les dépassements de coûts sont chose courante, ici comme ailleurs. C'est vrai pour la plupart des grands projets d'infrastructures. Il y a sans doute de l'incompétence, parfois, mais également un manque de connaissances claires (les caractéristiques du terrain, par exemple). Et sans doute aussi de la précipitation.»