Le grand patron de Questerre Energy, Michael Binnion, a assuré lundi que l'intention du gouvernement Marois d'interdire toute exploitation du gaz de schiste au Québec n'allait pas nuire au plan d'affaires de la compagnie d'exploration.

Dans un communiqué, M. Binnion a indiqué que Questerre, qui possède plusieurs permis d'exploration gazière au Québec, allait miser sur ses autres actifs pétroliers et gaziers, situés dans l'Ouest canadien Jeudi dernier, au lendemain de son assermentation, la nouvelle ministre péquiste des Ressources naturelles, Martine Ouellet, a déclaré qu'elle ne voyait pas le jour où la fracturation hydraulique - la méthode employée pour extraire le gaz de schiste - allait se faire de manière sécuritaire.

«Il y a déjà un moratoire au Québec, a rappelé le dirigeant de Questerre. Alors les commentaires de la ministre à propos d'un moratoire (permanent) n'ont pas d'impact sur notre plan d'affaires.»

Michael Binnion s'est tout de même dit déçu que Mme Ouellet ne croie pas en la sûreté des «techniques modernes» de forage.

Selon lui, ce point de vue est «ironique» puisque le Québec consomme chaque jour environ un demi-milliard de pieds cubes de gaz naturel produit dans l'Ouest du pays au moyen de cette «technologie éprouvée».

M. Binnion s'est dit «particulièrement déçu» de ce qu'il perçoit comme une tentative de la part de Martine Ouellet d'«exercer une influence indue» sur les résultats de l'évaluation environnementale stratégique (EES) en cours depuis l'année dernière.

Il est allé jusqu'à inviter Mme Ouellet à se rendre en Alberta afin de «voir comment le gaz naturel moderne est développé de manière sûre aujourd'hui».

Mais en entrevue à Radio-Canada, lundi matin, la ministre est demeurée ferme, réitérant que le moratoire actuellement en vigueur allait être maintenu pour l'avenir prévisible.

Elle a raconté s'être rendue en Pennsylvanie pour constater directement l'«impact sur le terrain» de l'exploitation du gaz de schiste. Elle a parlé de «risques extrêmement importants», en ce qui a trait notamment à la contamination des eaux souterraines.

Alors qu'un comité mis en place par le précédent gouvernement poursuit l'EES sur le gaz de schiste, Martine Ouellet a martelé lundi que des études avaient déjà conclu aux dangers du gaz de schiste pour l'environnement, semblant ainsi minimiser la pertinence de l'exercice en cours.

Elle a ouvert une petite porte en affirmant que pour envisager une légalisation du gaz de schiste, le «fardeau de la preuve» reposerait sur l'industrie. Mais le ton général de son propos était sans équivoque.

«Le gaz de schiste au Québec, ce n'est pas comme en Alberta, a noté la ministre. C'est dans la vallée du Saint-Laurent, un territoire habité où il y a de l'agriculture. Et l'agriculture, c'est du développement économique.»

L'action de Questerre a perdu quatre pour cent lundi pour clôturer à 72 cents, à la Bourse de Toronto. Le titre de l'autre entreprise très présente dans le secteur du gaz de schiste au Québec, Junex [[|ticker sym='TSX:JNX'|]], a quant à lui progressé de 5,9 pour cent pour terminer la séance à 72 cents.