La Côte d'Ivoire, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Soudan et le Zimbabwe sont les pays africains les plus à risque sur le plan géopolitique pour les entreprises minières. À l'opposé, c'est au Botswana, au Ghana, en Tanzanie et en Zambie que les affaires présentent le moins de risques pour les entreprises de ressources. Le Burkina Faso, le Mozambique, la Namibie, le Nigeria, le Rwanda et l'Afrique du Sud présenteraient un risque modéré.

Telle est la conclusion des analystes Michael Fini et Pierre Fournier, de la Financière Banque Nationale (FBN), dans un rapport de recherche publié hier sur l'Afrique comme terre d'investissement. S'il est impossible pour une entreprise minière de faire abstraction des rivalités de pouvoir, des jeux d'influence et des pressions de la population des endroits où ils investissent, certains pays ont démontré qu'ils avaient un meilleur profil que d'autres, notent-ils en préambule.

Un sondage récent de l'Institut Fraser a établi que les minières accordent maintenant autant d'importance aux risques géopolitiques des territoires où ils souhaitent investir qu'aux ressources qu'on y trouve. L'Afrique possède près du tiers des réserves mondiales de minerais.

«Considérant le Printemps arabe, l'attrait de la nationalisation pour satisfaire les besoins croissants de la population, et considérant tous les défis de développement auxquels font face les gouvernements africains, il faut s'attendre à ce que les considérations géopolitiques influencent de plus en plus la rentabilité des projets miniers en Afrique», écrivent les analystes de la FBN.

Ces risques peuvent prendre la forme de coups d'État militaires ou d'expropriations forcées, mais le plus souvent, il s'agit d'événements moins sensationnels, comme une pénurie de main-d'oeuvre, des approvisionnements en eau ou en électricité insuffisants ou la corruption, qui provoquent des délais ou des dépassements de coûts.

Les pays subsahariens ont amélioré le climat d'investissement chez eux dans une proportion record de 78% l'an dernier, notent les auteurs de l'étude, mais les coûts des projets miniers et les échéanciers sont toujours tributaires d'un manque patent d'infrastructures. «La Mauritanie, le Burkina Faso, le Nigeria, la Tanzanie et le Botswana ont fait des efforts remarquables pour réduire la paperasserie ces dernières années, mais la faiblesse de la législation, la bureaucratie et la corruption endémique demeurent largement répandues», poursuivent-ils.

C'est ainsi qu'un projet d'investissement de 4,3 milliards dans l'alumine au Cameroun par un consortium formé de la firme indienne Hindalco, de Dubaï Aluminium et d'Hydromine, attend toujours le feu vert du gouvernement après trois ans de négociations. First Quantum Minerals a pour sa part fait les frais du changement de régime au Congo. La mine de Kolwezi a été saisie par le nouveau gouvernement de la République en 2009, après une révision inattendue du contrat initiée deux ans auparavant.

Bien que modestes par rapport à d'autres régions, les coûts de la main-d'oeuvre comptent pour 12% des grands projets miniers africains. Les travailleurs qualifiés sont rares et la productivité est faible. On estime qu'il faut sept mineurs en Zambie pour accomplir le travail d'un mineur chilien. Les coûts y ont par ailleurs quintuplé depuis l'an 2000 avec l'appréciation du kwacha, la devise nationale.

L'Afrique et la crise européenne

Les pays africains n'échappent pas non plus à la crise européenne. Les devises du Burkina Faso, du Mali, du Niger et de plusieurs autres pays d'Afrique centrale et de l'Ouest sont arrimées à l'euro. L'affaiblissement de cet étalon a pour effet de réduire les coûts d'exploitation, mais cela met aussi de la pression sur les revenus des gouvernements, qui doivent réduire leurs budgets d'infrastructures ou peuvent être tentés de nationaliser certaines mines, notent les analystes de la Nationale.