Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse ont franchi une étape de plus vers la concrétisation du mégaprojet hydroélectrique de Muskrat Falls, en signant 13 ententes formelles, mardi.

La société d'État terre-neuvienne Nalcor Energy et l'entreprise néo-écossaise privée Emera (TSX:EMA) ont conclu ces accords en s'appuyant sur la feuille de route dévoilée en novembre 2010.

Le projet de Muskrat Falls, estimé à plus de 6,2 milliards $, prévoit de produire de l'hydroélectricité sur le cours inférieur du fleuve Churchill, au Labrador, et de l'acheminer à l'île de Terre-Neuve et ailleurs au pays grâce à des câbles sous-marins.

La mise à jour de l'estimation des coûts, qui devait être présentée il y a deux semaines, n'était pas finalisée au moment de la signature des accords, mardi.

On s'attend maintenant à ce que ces informations soient prêtes à l'automne, avant que les parlementaires de Terre-Neuve-et-Labrador commencent à débattre de ce projet et que le gouvernement progressiste-conservateur décide s'il va de l'avant.

Le ministre terre-neuvien des Ressources naturelles, Jerome Kennedy, estime que le projet de Muskrat Falls est le plus avantageux pour répondre aux besoins énergétiques de sa province. Il s'agit également de la meilleure façon, pour Terre-Neuve-et-Labrador, de s'imposer face au Québec, a fait valoir mardi le ministre Kennedy.

«Nous serons enfin capables d'échapper à l'étranglement géographique que le Québec nous impose depuis presque 50 ans», a-t-il lancé à Saint-Jean, lors d'un point de presse conjoint avec son homologue néo-écossais.

«Cela signifie aussi que nous pourrons avoir notre voie d'alimentation pour enfin assurer un prix concurrentiel à notre énergie. Cela signifie que nous pourrons enfin donner suite à notre idée d'exploiter librement le potentiel énergétique de Terre-Neuve-et-Labrador», a poursuivi M. Kennedy.

Il a soutenu que plusieurs gouvernements avaient tenté de collaborer avec le Québec, depuis la signature d'une entente «inéquitable» sur le développement hydroélectrique du Haut-Churchill, dans le Labrador.

L'accord, conclu en 1969, avait scellé le transfert des pouvoirs du Labrador au Québec pour ce qui a trait à la vente d'énergie, permettant ainsi au Québec d'empocher 20 milliards $ de profits, contre 1 milliard pour Terre-Neuve-et-Labrador, a affirmé M. Kennedy.

Cette entente, dont l'expiration n'est pas prévue avant 2041, ne reflétait pas la hausse de la valeur de l'énergie.

Le ministre de l'Énergie de la Nouvelle-Écosse, Charlie Parker, a déclaré que le projet hydroélectrique «changera la donne», et permettra à la province de se libérer de la dépendance au charbon tout en favorisant la création d'emplois et en amorçant un virage vert en matière énergétique.

Le barrage de Muskrat Falls devrait produire 824 mégawatts d'électricité.