Autour du campement érigé par Hydro-Québec en bordure de l'autoroute 55, 19 voitures sont garées. Mais il n'y a pas âme qui vive dans les roulottes qui abritent les employés chargés de préparer la réfection de la centrale Gentilly-2, située à quelques kilomètres de là.

Les lieux bourdonnaient d'activité jusqu'en janvier dernier. Puis, ce qui devait devenir un chantier comparable à ceux de la Baie-James s'est peu à peu vidé. Des travailleurs ont été remerciés, d'autres affectés à d'autres tâches. De ceux qui restent, beaucoup se contentent de faire acte de présence, nous a-t-on dit, ce qui a été impossible à vérifier étant donné que le seul employé entrevu s'est empressé de grimper dans son VUS et s'est enfui sans vouloir nous parler.

«Personne n'est au courant de rien», dit Guy Boisclair, le propriétaire de l'Auberge Godefroy, qui loue à Hydro-Québec les terrains où est installé le campement.

La société d'État se contente de renouveler le bail de ces terrains de six mois en six mois, dans l'attente d'une décision du gouvernementale qui devait venir au printemps 2012, mais qu'on attend toujours.

En mars dernier, le président d'Hydro-Québec a indiqué que son entreprise avait dépensé 850 millions en 2011 dans les travaux préparatoires à la réfection de la centrale.

Depuis, la facture a continué de grimper. Outre le salaire des employés qui n'ont pas pu être affectés à d'autres tâches, des tonnes d'équipement ont été acheminées et entreposées à Bécancour en prévision du début des travaux.

Tout est prêt, mais certains signes indiquent que le gouvernement pourrait revenir sur sa décision de rénover Gentilly-2 annoncée en grandes pompes en août 2008.

En plus de la baisse d'activité au campement d'Hydro-Québec, les employés d'Énergie atomique du Canada, rachetée par SNC-Lavalin et rebaptisée Candu Énergie, désertent eux aussi les bureaux où ils s'étaient installés pour participer au projet.

Il n'a pas été possible de connaître les intentions du gouvernement Charest. Au bureau du ministre des Ressources naturelles Clément Gignac, une porte-parole nous a renvoyés chez Hydro-Québec, qui s'est refusée à tout commentaire.

Dans la région, ce silence est interprété comme un signe que le gouvernement a fait volte-face et qu'il ne rénovera pas la centrale.

Dans ses résultats financiers publiés le 22 juin dernier, Hydro a inscrit une note à ses états financiers pour prévenir les marchés que le gouvernement pourrait revenir sur sa décision de rénover la centrale. Une telle décision aurait un impact financier important, précise la société d'État. La centrale nucléaire a une valeur de 1,2 milliard au bilan d'Hydro-Québec.